41eme film de l’année 2021 et rattrapage de ce grand classique de l’histoire du cinéma multi récompensé avec notamment une Palme d'or du Festival de Cannes 1979, un César du Meilleur film étranger en 1980, 2 Oscars :"Meilleure photographie" et "Meilleur son" ainsi que 3 Goldens Globes "Meilleur réalisateur", "Meilleur second rôle masculin" pour Robert Duvall, "Meilleure musique" et dont l’aura auprès des cercles cinéphiles n’a cessé de s’accroitre au point de dépasser l’objet filmique.
On suit l’histoire du capitaine Willard qui, durant la guerre du Viêt-Nam, se voit contraint de mener une mission périlleuse au Cambodge. Accompagné de quatre soldats, il doit mettre fin au commandement du colonel Kurtz, qui utilise des méthodes jugées trop barbares.
Dès les premières minutes du film, j’ai tout de suite constaté que cela ne serait pas une séance de visionnage comme les autres tant j’ai été happé par cette atmosphère moite, lourde, brumeuse et englobante dont l’essence même de sa présence révèle un étrange sentiment de désespoir entouré de mystère et de danger.
Au fur et à mesure du déroulement de l’histoire, je n’ai pu qu’être abasourdi par la plongée dans les abysses de la folie meurtrière des hommes dont tous les traits moraux s’évaporent au fil du temps passé sur ce rafiot mortuaire s’engouffrant ainsi dans les zones les plus sombres et obscures des contrées humaines.
Tous ces êtres de chair, d'acides et de sang se trouvent broyés par une guerre sans but, sans cœur et sans saveur si ce n’est cette fameuse odeur du napalm au petit matin et dont le résultat de celle-ci n’est que de produire de la chair à canon déracinée, sans identité et sans humanité prompte à se faire ronger par cette environnement où règne la décadence et la perdition.
Tout ces actes amenant des choses mortellement irrémédiables se retrouvent dans un véritable caveau rempli de stupidité, d’ignorance, de but ou encore de propos montrant de facto, l’inutilité et la monstruosité d’une guerre sans fin qui a longtemps perdu un quelconque objectif et se contente d’être tel un chariot de feu dévalant une colline et emportant cultures, femmes et enfants sur son passage.
A travers cet enfer Viet Kong, Francis Ford Coppola nous montre tous les démons humains et les répercussions de leurs actes sur l’âme et les populations.
Concernant le récit, il est simple et linaire mais il n’en reste pas moins fourni et suffisant.
Les personnages quant à eux ne sont pas que des personnages fonctions car à travers chaque portrait de personnage se dessinant tout au long de l’avancée de l’histoire, je n’y ai vu que des personnes avec leurs traits de caractères, leurs fêlures, émotions, paroles ou actes les rendant avant tout humain bien loin d’un idéal qu’un auteur pourrait facilement décider de créer.
Ces personnages étant magnifiquement interprétés du plus anecdotique au plus central à l’histoire, chacun rendant la partition de l’autre améliorée bien aidé par quelques saillies bien trouvées par des acteurs fleurtant avec une certaine forme d’éclair de génie créatif comme Robert Duvall ou un Marlon Brando transformé en une sorte de monstre humain au regard empli de folie qui par sa simple présence incarne de tout son être cet univers décadent laissé à l’abandon par un système dépassé et défaillant.
Notre protagoniste principal, chargé de faire remettre la machine sur les rails de la raison en supprimant cette anomalie, est excellement interprété par le saisissant Martin Sheen (dont son fils Charlie est sa copie troublante) qui entre au fil de l’œuvre dans un jeu halluciné au fur et à mesure que son personnage cherche à comprendre sa cible pour en devenir à la fin un ersatz imprévu sous une autre forme.
Nous assistons alors à une longue descente dans une enfer éveillé dont le héros n’arrive à se défaire et s’en sortir comme il nous l’avait indiqué habilement en début de métrage.
Au beau milieu de cette horreur vivante montrée sous toutes ses formes avec une multiplications des prises de vue domptant à chaque fois un jeu de lumières virevoltant se voulant insaisissable, Coppola cherche à retranscrire par tous les moyens sont propos : La guerre n’est que souffrance et folie. Des notions apprises dans la douleur tant le tournage a été compliqué (et c’est un euphémisme).
Cela m’amène à me poser certaine question tel que: Comment est-il possible de faire un film de cette envergure quand on sait que rien ne s’est passé comme il fallait que ce soit la météo, les accidents, les querelles, les dépassements de budget et de temps, l’hystérie ambiante des comédiens et du metteur en scène ?!
L’apocalypse étant tant devant que derrière la caméra et l’aboutissement en une œuvre issue tout droit du chaos est en soit un pure miracle ainsi qu’une anomalie.
En effet, tout ce qui est visible à l’écran est le fruit d’un réalisme acharné avec de la pyrotechnie démentielle -surtout à cette époque-, une armée de figurants et techniciens dépêchés sur place, des décors multiples -et hostiles- ou encore la diversité des scènes mêlant somptuosité et une brutalité insoutenable ramenant directement le spectateur a une question éthique centrale :
Peut-on tout faire sous le prisme de la création de l’art ?
Certains diront que cela va trop loin, d’autres diront que c’est parfaitement justifié dans le récit car ce déferlement de violence est la métaphore de ce qu’il se passe à l’écran dans un autre espace de l’histoire.
Je vous laisse libre de choisir en fonction de vos convictions et je me permets de n’émettre aucun jugement là-dessus.
En définitive, je dirais que cet œuvre est une véritable expérience tant sonore -magnifié par une BO de toute beauté- et visuelle -avec des plans à couper le souffle- ne cherchant aucunement le compromis et dont la portée artistique sort par tous les pores arrivant à sublimer par un mystérieux hasard tout un ensemble d’éléments contraires sortant tout droit d’un apocalypse personnifié délivrant ainsi une œuvre d’art dans un endroit ou la raison et la rationalité sont mortes sur l’autel d’une bombe de napalm larguée au petit matin.
J'ai pris un grand plaisir à découvrir cet œuvre et je ne me suis aucunement ennuyé tout le long de ces 2h27.
A découvrir par tous même si vous n'êtes comme moi pas trop fan de base des films de guerre!