Remonter le fleuve de la psyché humaine, jusqu'à l'antre de la folie.
Raconter la guerre.
La guerre intérieure de l'homme, entre le bien et le mal.
Le point de rupture.
D'un point de vue cinématographique, tout, je trouve, est parfait - photographie, son, décors, acteurs, montage, prises de vue, composition des scènes, musique, récit, pour l'immersion du spectateur...
Une extase de chaque instant.
Mais sur ce qu'il me dit, au-delà de ce qu'il montre, je sens que ce film est peut-être plus grand que moi.
...
"L'horreur. L'horreur..."
Prémonition funeste, dernier râle de l'homme avant la fin de tout, qui me hante.
Suis-je prêt à la comprendre, l'horreur dépeinte, racontée, incarnée par le film ?
...
Non.
Je ne peux pas la comprendre.
Mais j'ai ressenti cette fascination, ce désir surpassant le reste, de rencontrer le colonel Kurtz. J'ai connu cette euphorie malade de la mitraille et de la destruction célébrée par la musique de Wagner quand l'odeur du napalm célèbre la victoire. J'ai été happé par cette remontée d'un fleuve psyché au soleil crépusculaire, comme une ligne de vie que la folie assèche peu à peu. J'ai atteint ce bout du monde où nos rêves les plus beaux sont morts, où de toute idée humaine il n'est resté qu'une trace, un mot : "APOCALYPSE NOW".
Comme un bateau ivre, puisqu'il y est question de poésie, j'aurais souhaité couler là-bas.
Mais il faut en revenir. Et y survivre.