Le truc étonnant avec Marie Menken c'est la façon dont le corps qui tient la caméra infuse dans le film, ou plutôt ce qui s'y inscrit d'avancement, de prises de niveau (jeux de plate-forme), de petits trajets. Un cinéma fait avec les pieds (on l'imagine glisser sur la glace, s'enfoncer dans l'argile, marcher sur des murets ou sautiller sur une volée de marches). Micro-aventures en les formes par lesquelles le monde se consume. "Go ! Go ! Go !", bien amusée.
On a tôt fait de taxer d'ingénuité les cinéastes armés d'une bolex dans l'intime - Mekas, Hernandez, Menken, pourquoi pas. Ce qui se présente aisément c'est une définition de ce cinéma là comme puissance oculaire.
Si on laisse tomber la vision et ses poids d'attraction-stimulation : noblesse de Menken : une lecture sismique des formes en présentation. Vraie scientifique : la physique de ce monde, foisonne en inventions drolatiques. La vie générateur vibrant, trouvée également dans les apparats lumineux de l'Alhambra et dans deux trois massifs et buissons jardinés.