Arcade
4.3
Arcade

Film DTV (direct-to-video) de Albert Pyun (1993)

Ah là là ce cher Albert Pyun. C’est un plutôt bon faiseur mais qui s’est toujours contenté de films de seconde (voir troisième) zone aux budgets extrêmement réduits, destinés au marché vidéo. Les amateurs de cinéma bis l’aiment bien car ses films, quelle que soit leur valeur intrinsèque, ont toujours ce petit capital sympathie qu’ils cherchent dans ce genre de bobines lowcost. Avec lui, c’est souvent généreux, à défaut d’être réussi. Avec Arcade, il s’associe avec Charles Band (le célèbre patron de la non moins célèbre Full Moon) sur un scénario de David S. Goyer, bien plus connu aujourd’hui qu’à l’époque puisqu’on lui doit aujourd’hui les scénars des Batman de Nolan, de Man of Steel, la trilogie Blade ou encore le prochain Terminator (comme quoi, travailler avec Band et Pyun, ça mène à tout). Et s’il fallait vous définir Arcade en quelques mots, je dirais que c’est une sorte de version Bis de Tron. Un film assez grand public, visant quand même essentiellement les adolescents, qui se rate complètement sur tous les points.


Tourné en 1990, la production d’Arcade n’aura pas été de tout repos. Outre les différentes mésententes entre Charles Band et Albert Pyun, le film sera maintes fois repoussé. Originalement prévu pour 1991, sa sortie est dans un premier temps retardée à septembre 1992, puis février 1993, et même Mars 1994 pour certains pays (dont les States). En cause, un certain Disney, menaçant de mettre un procès à Full Moon s’ils ne retournaient pas certaines scènes du film, le géant ricain prétextant que certains effets spéciaux aperçus dans la bande annonce ainsi que dans les images promotionnelles de l’époque étaient beaucoup trop proches de ceux de leur film Tron (1982). Pyun et son équipe, par peur de causer du tort à Full Moon, retravaillèrent les CGI avec les moyens du bord, retardant donc la date de sortie.
Arcade nous parle d’un nouveau jeu vidéo révolutionnaire, en réalité virtuelle, qui aurait une IA capable d’apprendre et de réagir différemment en fonction de la façon de jouer des valeureux geeks s’aventurant dans le jeu. Sept niveaux proposant chacun une expérience et un univers unique afin d’arriver au boss de fin. Bien entendu, ce qui devait arriver arriva, l’intelligence artificielle prend le dessus sur le jeu et les jeunes joueurs vont commencer à être « absorbés » par le jeu afin de prendre leur âme. Parce que « Si tu ne joues pas avec mes règles, je jouerais dans ton monde ». Ouais, Sega c’est plus fort que toi, et Arcade aussi !


C’était prévisible que le rendu final allait être tout bonnement dégueulasse et c’est effectivement le cas, avec des décors ressemblant à un amas de pixels difforme et des jeunes acteurs évoluant sur fonds verts et semblant complètement perdus. Nos yeux se mettent à saigner. On se met immédiatement à penser à ces chefs d’œuvres du 7ème art que sont Spy Kids 3 et Amazing Bulk, réalisés respectivement 13 et 20 ans après, et là on se dit que pour l’époque en fait, ce n’était pas si mal. Et puis on revient vite sur terre et on se dit que, non, c’est juste extrêmement moche. Et ce qui est encore plus fort, c’est que chaque nouveau niveau que les héros visitent arrive à être encore plus dégueux que le précédent qui était déjà bien pouilleux de ce point de vue là.
Le problème, c’est que ce n’est pas QUE moche. C’est aussi chiant. Le film n’a beau durer que 1h20 générique compris, on s’emmerde profondément. C’est mou du genou, c’est farci d’incohérences (même en tenant compte de l’histoire), le jeu des acteurs est complètement aléatoire (mais c’est amusant de voir un Seth Green tout jeune bien avant son rôle dans Buffy ou Austin Powers), et ce ne sont pas les diverses références à Tron, Labyrinth, Space Invaders, Les Simpsons, ou encore Freddy, qui relèvent l’intérêt. Seule la réalisation de Pyun s’en sort à peu près. Il sait ce qu’il fait avec sa caméra, certains plans sont très sympas, même s’il faut avouer que le résultat fait très téléfilm de seconde zone malgré tout. La fin laisse présager une suite, prévue un certain temps, mais au final jamais tournée. Heureusement…


Dans le petit monde des bobines bas de gamme d’Albert Pyun, il y a celles qui sont sympathiques (Nemesis, Cyborg, Knights) et celles qui sont bien daubées (Captain America, Max Havoc, Dollman). Arcade, avec son visuel immonde et l’ennui qu’il nous provoque rapidement, rentre directement dans la deuxième catégorie. Au suivant !


Critique originale : ICI

cherycok
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le 5 avr. 2019

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