BREUM BOUM BABOUM
1ere séquence. Des astéroïdes "gros comme des ballons de basket" dévastent New York. Ce ne sont que des prémices: on apprendra plus tard que le boss final fait lui la taille du Texas, car les américains comptent avec tout sauf le système métrique évidemment. "On se fait bombarder par Saddam Hussein!" hurle un passant. Plan large, le World Trade Center est dévasté par ces préliminaires de l'apocalypse. Ah, les années 90.
Le pitch, nawak au possible, est d'un populisme républicain hilarant, balloté au grès d'explications pseudo-scientifiques aussi con qu'un tweet de J.D Vance. Tirer bêtement un ICBM sur le météore? Ce serait inutile et ne permettrait pas de justifier un film de 2h30 avec plus de pyrotechnie que toute une tournée de Rammstein. La seule solution pour éviter la fin du monde, c'est d'y faire un über forage bien profond pour y loger une bombe nucléaire -tout cela est très phallique bien entendu. Et évidemment, ces cons de la Nasa, contraints par un budget trop riquiqui pour surveiller un "big-ass sky", n'ont pu détecter ce pantagruélique ennemi existentiel qu'une quinzaine de jours avant l'impact.
Or, si l'Etoffe des Héros est devenu un succès d'estime avec le temps, sur le coup ça a été un bide. Des astronautes surentraînés, des types exceptionnels, ça ne passionne pas les foules, on ne peut pas s'y identifier. Alors ce coup-ci, qui va sauver le monde? Des cols bleus foreurs de pétrole, pardi! Dans un passage savoureux du commentaire du film, Ben Affleck révèle qu'il a tout de même demandé à Michael Bay si ça n'aurait pas été plus simple si la Nasa avait entrainé des astronautes au forage plutôt que l'inverse. Réponse de Michael Bay: ta gueule!
Arrive Bruce Willis, réputé meilleur foreur pétrolier de le monde et homme de terrain malgré tout, statue masculine définitive dégoulinant d'or noir et de testostérone tel un héros soviétique ou un rappeur sevranais. Comme il est le meilleur on lui pardonne que, 10mn avant l'arrivée des hommes en noir du FBI, ce rustre courait lui et son shotgun après son arpète Ben Affleck - coupable d'avoir baisé sa fille - dans le but évident de lui faire un trou si large dans le ventre qu'on y retrouvera des poils de chatte de Liv Tyler. Tous les espoirs de la vie sur Terre reposent sur cet humble plantigrade qui ne possède en tout et pour tout que 2 choses: sa plateforme pétrolière et la virginité de sa fille. Il a carte blanche. Et Bruce Stakhanowillis de rassembler son équipe. En toute logique, il sollicite une bande de bras cassés hilarants que les costards de la Nasa voient d'un œil torve: un bouffeur de pancakes obèse, un géant hypersensible (le regretté Michael Clarke Duncan évidemment), un Steve Buscemi décapant en obsédé sexuel poisseux, un cowboy de pacotille... Les Tuche à la Maison-Blanche. Ils ont 15 jours pour être prêts pour un vol spatial. Les dernières volontés de cette brochette d'héroïques white trash avant de quitter la Terre sont d'ailleurs simples comme un couplet de Bruce Springsteen: effacer une conséquente ardoise de 57 PV de stationnement de l'un, accorder la nationalité américaine à non pas 1 mais 2 maîtresses de l'autre, ou encore révéler une bonne fois pour toutes qui a tué Kennedy.
BOUM BADABOUM EXPLOSIONS
Steve Buscemi est pour beaucoup dans les hululements de rire que m'arrache le métrage. Après avoir passé sa dernière nuit sur Terre dans un stripclub à claquer dans une tchoin la bagatelle de 100 000 dollars qu'il a emprunté à un usurier le jour même, il pète ensuite un cable dans l'espace et manque de flinguer tout le monde à coups de minigun (???) avant d'être neutralisé et de finir scotché à un siège pendant le dernier tiers du film. 25 berges plus tard je crois que personne n'a une explication rationelle à pourquoi les rovers des cosmonautes étaient équipés de miniguns. Posez pas de questions.
EXPLOSIONS BABAM DU FEU DES BOUM
Des clichés cartoonesques en veux-tu en voilà. Le téléphone rouge du président est litérallement un téléphone rouge, c'est tout juste si y a pas marqué ACME dessus. Des courses au compte-à-rebours à n'en plus finir. 3 plans sur une France qui à l'aube du XXIème siècle semble tout droit sortie d'un film de Marcel Carné. Les politiciens et les DECIDEURS sont des crétins obtus qui vont causer la perte de l'humanité sauf le bon sens d'une poignée de héros du prolétariat. L'astronaute russe est un bovin rustique qui répare des keutru en tapant dessus à coups de clé anglaise, après avoir survécu à l'explosion de la station Mir à cause que... à cause qu'elle était vétuste. Cherchez pas. "Cette station est plus vieille que ma bagnole!", désolé, mais moi ça me fait rire.
Et ainsi d'être bercé par une bande-son à base de riffs de ZZ Top et de slows d'Aerosmith, des péripéties de remplissage inutiles et des scènes hystériques incompréhensibles (impliquant des loopings en navette spatiale et un saut de l'ange en rover lunaire, oui oui), une scénographie d'illettré de la caméra, et un humour de corps de garde franchement réjouissant. De temps en temps y en a qui meurent et on sait même pas qui c'est. Et d'autres survivent à des trucs que même en le passant au ralenti tu ne comprends pas ce qui s'est passé. L'implication émotionnelle est toute relative, mais qu'est-ce qu'on se marre. Tout le monde s'est régalé à faire ce film et ça se voit.
EXPLOSIONS MACRON EXPLOSION
Cependant, Michael Bay ne s'est pas construit sans casser des oeufs. Shangai est détruite, Paris est rayé de la carte (à l'exception de la place de l'Etoile et de ses éternels embouteillages… va comprendre!), mais tout est bien qui finit bien. Bruce Willis et ses roughnecks ont triomphé de l'astéroïde, et surtout, bien pire encore: de l'état profond, de Greenpeace, des technocrates de Washington et de l'incompétence du président et de son administration fédérale de démocrates déconnectés qui ont failli causer la perte de l'humanité par leurs décisions absurdes et tyranniques. Bruce Willis ayant accompli le sacrifice suprême non sans avoir pardonné à Ben Affleck d'avoir ken sa fille, ce dernier peut enfin sauter cette dernière sans risquer de se prendre un coup de 12 qui lui enfoncerait les chicots dans le cervelet.
Reste Buscemi, bien penaud de devoir rembourser son prêt de 100 000 dollars à un taux de 60%.