L’assassin, le templier et la boule de pétanque

Il y a de ces films ou l’on se sent mal à l’aise pour les acteurs que l’on voit à l’écran. On a même honte pour eux certaines fois. Assassin’s Creed fait partie de ceux-là. Alors certes le scénario est issu de la saga de jeux vidéo Assassin’s Creed, qui est une très bonne saga, mais comment ne pas rougir de honte devant cette débandade artistique, cette orgie cinématographique ? Comment ne pas plaindre ces pauvres acteurs obligés d’évoluer devant la caméra d’un réalisateur au mieux bourré, au pire sadique et voulant rendre ses spectateurs épileptiques. Franchement, Luc Besson a du souci à se faire. Kurzel met la barre haute en ce qui concerne l’ignominie cinématographique (ou peut-être a-t-il simplement obtenu un contrat avec les producteurs de sac à vomi, qui sait…).


Il faut l’avouer, cette séance avait mal commencée. Il était convenu, avec mes trois amis, que nous devions aller voir Passenger. Jennifer Lawrence me semblait constituer un argument imparable (blague misogyne : check). Hélas, un individu résiste encore et toujours à l’appel de la sensuelle blonde…et nous mène tout droit, sans que nous ne nous en rendions compte, dans la gueule du loup. Une fois à ma place, un joyeux zozo s’installe à ma gauche. Ce dernier semble pris de convulsions post-consolites : le bougre tripotait des joysticks (Je vous vois venir les esprits mal placés) imaginaires et semblait prêt à entamer une nouvelle partie de son jeu préférer. Deux rangés devant moi, une espèce commune à tous les cinémas, le couple ventouse, commence son interminable bécotage (Personne ne leur a dévoilé l’existence des hôtels Formule 1 ?). C’est dans cette joyeuse ambiance que se lance ce qui reste tout de même le sujet de cette critique : Assassin’s Creed.
Pour être franc, je ne vais pas vous résumer tout le film. Tout d’abord parce que je n’en ai pas la moindre envie (traduisez : ça me fait chier) et puis parce que j’en serais bien incapable du fait que j’ai passé une bonne partie de ma séance à rire. Car oui, Assassin’s Creed est un film très drôle…même si nous n’étions que deux à rire dans la salle.
Ainsi, Assassin’s Creed, c’est l’histoire d’une recherche, celle d’une pomme censée donner la pleine puissance à son détenteur en supprimant le libre arbitre des individus. Les templiers recherchent donc cette pomme (encore plus junkie que les témoins de Jéhovah nos amis…). Sauf que celle-ci a été cachée par ces coquins d’assassins et qu’il faut donc remonter dans le passé pour savoir où elle se trouve. Quoi de plus normal, dès lors, de séquestrer un condamné à mort, descendant de l’assassin qui a caché la pomme, de le renvoyer dans le passé de son ancêtre et de lui faire chercher la pomme ? Michael Fassbender, qui incarne Lynch, allias Aguilar l’assassin, ne semble donc pas broncher lorsqu’il se retrouve séquestré par une tripoter de frappadingues qui lui parlent de pomme à longueur de temps (à croire qu’il s’agit d’une secte d’adeptes de la compote…), et qui veulent le renvoyer dans le passé pour trouver cette dite pomme. Mais Michael est au-dessus de tout. Si bien qu’il se met à faire de la danse dans sa charmante chambre (manquerait plus qu’il nous fasse un Moonwalk le bougre…).
Pendant que Michael s’éclate et rêve de devenir danseuse étoile, le chef de la secte des adeptes de la compote (les templiers quoi), incarné par un Jérémy Irons qui semble se demander, tout comme nous, ce qu’il fou dans ce merdier, est tendu. Il ne sait pas si la machine inventée par sa fille, incarnée par une Marion Cotillard aussi expressive qu’une huitre morte ou qu’un macchabée sortant du frigo, et nommée l’animus va marcher pour retrouver cette satanée pomme. Mickael n’y met pas du siens et les recherches patinent. Toutefois, Mickael en a marre d’être déranger dans ses séances de danse et finit, dans une scène d’une virilité à émoustiller la ménagère de plus de quarante ans, par…déchirer son T-shirt. Pendant ce temps, dans la salle, mon cher voisin de gauche, dégoulinant de sueur, continue de s’acharner sur ses joysticks imaginaires tandis que notre couple ventouse semble procéder à un nettoyage buccal intensif. Finalement, tout ce tintouin pour apprendre que la pomme a été refilée par Aguilar à un certain Christophe Colomb (un type sans importance qui a confondu des mexicains avec des chinois…Peut-être un ancêtre de Trump ?). La pomme se trouve donc dans la tombe de ce cher Christophe. Ni une ni deux, Jérémy Irons part pour la cathédrale de Séville ou se trouve la tombe. Arrivé là-bas, un prêtre lui remet la pomme avec l’air de dire « Ah oui ce machin-là ?! Ouais, ça fait un petit moment qui traîne dans le coin. On avait pensé à le vendre à la dernière brocante de la paroisse mais finalement on l’a mis sur le bon coin. ». Le suspense est à son comble, nous allons découvrir la pomme !! …qui n’est qu’une vulgaire boule de pétanque faisant de la lumière (Jacky me dit dans l’oreillette que c’est assez pratique en fin d’après-midi après dix verres de pastis et six verres de Ricard. Selon lui, ça permettrait de mieux pointer). Tout cela pour ça…si j’étais un templier, j’aurais les boules (blague de merde : check).
Bon, pour finir cette cacophonie, Michael, qui n’est pas content du tout, va tuer le chef des adeptes de la compote qui présente devant ses camarades sa pomme-boule de pétanque. Sa fille n’est pas contente et « veut se le faire ». Je vous laisse le soin d’interpréter cela comme vous voulez…


Assassin’s Creed aurait donc été un film extrêmement drôle s’il avait misé sur l’humour absurde. Du début à la fin, le spectateur est plongé dans une série de situations toutes plus grotesques les unes que les autres. Les acteurs sont pommés (deuxième blague de merde : check), le réalisateur est bourré et nous inflige des plans à faire dégueuler un Boris Elstine au meilleur de sa forme, et les scènes d’action sont imbuvables. Cerise sur le gâteau, la musique composée par le frère du réalisateur (quand on fait de la merde, autant le faire en famille) nous ferait presque regretter de ne pas être sourd. Dans tous les cas, si vous voulez rire un bon coup et perdre deux heures (et 8,50€): allez voir Assassin’s Creed.
Pour finir, lorsqu’un de vos amis veut absolument aller voir ce qui ressemble à un énorme navet : écoutez-le. Il est bon de voir le pire pour apprécier le meilleur.

Kerke
3
Écrit par

Créée

le 18 janv. 2017

Critique lue 553 fois

5 j'aime

Kerke

Écrit par

Critique lue 553 fois

5

D'autres avis sur Assassin's Creed

Assassin's Creed
papagubida
4

Le crado des assassins

J'attendais ce film avec un succulent mélange de hâte et d'appréhension. Surtout de l'appréhension, en réalité. Et pourtant, on ne peut pas dire que je sois un grand fan de la franchise.. Pour que...

le 20 déc. 2016

56 j'aime

7

Assassin's Creed
mazthemaz
4

La légende de la boule de pétanque

Depuis des temps immémoriaux, le méchant ordre des Templiers et la gentille secte des Assassins (Notez l'inversion des codes de valeurs traditionnels => quelle audace scénaristique !) se livrent...

le 21 mars 2017

48 j'aime

7

Assassin's Creed
CrèmeFuckingBrûlée
6

Eden Apple vs Rotten Tomatoes

Parlons des blockbusters cette année. Bien entendu, les films de super-héros dominent entièrement le marché de leurs capes acidulées, allant du film d'auteur sous-estimé à la purge honteuse que l'on...

le 21 déc. 2016

48 j'aime

Du même critique

Les Conséquences de l'amour
Kerke
8

L'Amour du silence

On pourrait évoquer pendant des heures l’indéniable talent de Sorentino et de Servillo. On pourrait vanter de façon grandiloquente ce mélange des genres qui fait toute l’originalité de ce film. On...

le 29 août 2016

12 j'aime

5

Le Dernier Empereur
Kerke
8

Le roi se meurt

"Le roi est mort, vive le roi". En 1908, Puyi, alors âgé de presque trois ans devient empereur de Chine. Trois ans plus tard il abdiquera. Drôle de destin pour ce petit garçon qui ne sortira de la...

le 5 mars 2016

10 j'aime

2

Les Champs de braises
Kerke
9

Mémoire ardente

Messieurs les penseurs de gauche me classeraient surement parmi ces gens qu’ils aiment tant haïr et qu’ils nomment réactionnaires. Odieux personnages nostalgiques d’un passé...

le 31 oct. 2016

9 j'aime

4