Une curée inversée. Une horde de sangliers s'est abattue sur ce film avant même la sortie du film. Ainsi, les irréductibles critiques ont tapé, frappé, cogné tout ce qui pouvait l'être dans le camp retranché de Gropéplum.

Loin de moi l'idée de jouer les "druides de paix", car ce film est bien loin d'être exempt de toute critique, et je n'en serai pas avare non plus. Cependant, il faut reconnaitre que toutes les foudres qui se sont écrasées ont fini par relativiser, après visionnage, ce qui était indiqué comme une "honte" ou une "catastrophe industrielle".

C'est avec une incommensurable et morne appréhension que je rentrais dans la salle par une après-midi de février. Le coeur lourd et l'âme torturée de m'être fait extorquer 12€50, assigner de force une place, et qu'en plus une femme vint me disputer le siège qu'occupait mon manteau dans une salle à 80% vide (mais que sont devenues la liberté et la tranquillité !?) . Après ces péripéties, il ne me restait plus maintenant, que l'épreuve du feu: le film, objet de es les passions de février (les retraites? C'était secondaire).

Les premières images rassurent. Le village est reconstitué pour l'occasion et l'ensemble est beau, ce n'est pas le kitsch criard du film de Laurent Tirard (Au service de sa majesté). Il y a du budget et il se voit. De plus, l'histoire est simple et les enjeux sont posés rapidement. Bref, c'est une histoire crédible qui pourrait constituer un album en lui-même.

Mais voilà, l'univers est desservi par une mauvaise lecture des personnages. On voit qu'Astérix et Obélix ont des caractères bien identifiés, Gilles Lelouche s'en sort très bien et Canet n'est pas à jeter. Mais quand on rentre dans le détail, là, le bât blesse. Cléopâtre n'est pas une tragédienne colérique, elle est simplement folle. Falbala n'est plus une jeune femme belle et peut-être ne percevant pas encore les effets de sa beauté ravageuse, mais elle devient manipulatrice et jalouse.

Me vient alors une hypothèse. Guillaume Canet, voulant sortir la licence de sa structure très masculine, a tenté de rendre les femmes plus visibles, mais méconnaissant son sujet, ça tombe à côté avec des scènes qui ne servent STRICTEMENT à rien et qui cassent le rythme du film (Laura Felpin, Marion Cotillard, Angèle: triplette de scènes qui casse le rythme du film. Tout comme les scènes de coeur de César. Il aurait été plus intéressant d'utiliser César face à son Sénat (pour des histoires de conquêtes c'est logique) et ainsi rendre utile le personnage de Vincent Desagna). La supposition que j'avance me semble consolidée quand on voit le personnage de Bonnemine (porté par Audrey Lamy que je ne porte pourtant pas particulièrement dans mon coeur) qui correspond à ce que l'on en connait dans la BD et qui est clairement identifié par le lecteur lambda (dont Canet fait sûrement partie) parce qu'il n'y a rien a retravailler dessus, car déjà développé dans le corpus original).

Ajoutons à cela que quand un personnage est mal écrit et qu'en plus, il est mal joué, là ça devient dramatique. Le plus dommageable est pour Julie Chen, mignonne comme tout, mais qui nous fait suffoquer de gêne tant elle joue comme une ado en classe de 4è qui récite devant sa prof. C'était un premier rôle trop lourd pour elle, mais on lui souhaite de pouvoir prouver qu'elle peut mieux faire, car ce serait un nouveau visage plus que réjouissant à voir dans le cinéma français.

Et dans la galerie des personnages dont on se dit "mais qu'est-ce qu'il fait là ?": le "César" revient à...Jonathan Cohen. Jonathix Cohenix parce que ce n'est ni plus ni moins que Jonathan Cohen qui fait du Jonathan Cohen déguisé en Gaulois. Pourtant, je l'aime bien, mais attention à ne pas se cramer en faisant systématiquement le même type de numéros. Son humour dénote complètement avec l'esprit de l'oeuvre, que l'on retrouve assez bien dans plusieurs passages du film dans des gage second plan etc.

Dans l'ensemble, c'est franchement dommage d'avoir dépensé 65 millions pour un tel rendu. Après, ce n'est pas parce qu'on a un gros budget qu'on a le devoir de faire un bon film, les Américains le prouvent presque chaque semaine. Avec un tel budget, c'est éminemment casse-gueule et clairement, Guillaume Canet s'est pris les pieds dans le tapis.

Mais, ce qui est le plus à déplorer dans le film, c'est la promo faite autour. Il aurait été plu loyal de parler avec davantage de sincérité du film et de la difficulté, même pour quelqu'un de chevronné de mener une telle galère plutôt que de faire le coup du "si vous ne venez pas, il n'y en aura plus des comme ça en France".

Bilan, je n'ai pas détesté, mais il y a tout de même trop de choses qui ne vont pas. Le film est sans doute pollué par les producteurs et distributeurs qui ont voulu capitaliser sur la culture de l'instant, en intégrant en masse la nouvelle scène de l'humour et des réseaux. Ainsi, le film, nettoyé de tous les caméos (Felpin, Angèle, McFly et Carlito, Bigflo et Oli...) gagnerait en précision et surtout en rythme. Le même film plus ramassé en 1h30/40 monterait d'un bon cran.

Enfin, Là où les deux premiers opus du "Astérixverse" ont présenté, pour le premier, un large panel des acteurs connus depuis 40 ans, et le second un film générationnel dans années Canal qui impacte encore, 20 ans plus tard nos rendez-vous cinématographiques. Il serait intéressant de voir à la lumière du temps qui passe, ce que sont devenus ceux qui ont fait une brève apparition dans ce film.

Sarrus-Jr
5
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le 6 avr. 2023

Critique lue 21 fois

Sarrus Jr.

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