Ne perdez pas votre temps, le réalisateur l'a déjà fait

Cette critique spoile les 10 à 15 premières minutes du film. Si elle spoile aussi la suite du film, c'est bien malgré moi, car je ne l'ai pas vue.

Premier contact avec le film : la séquence d'introduction…

Première grosse déception, cela commence par une grosse erreur de casting. Astérix très mal interprété par un acteur qui adopte une démarche totalement décalée avec les bras ballants pour se donner un air faussement désinvolte qui fait penser davantage à un désœuvré des cités ou ado qui suit le groupe familial contre son gré lors d'une promenade digestive et qui ne sait pas quoi faire de ses bras et de ses mains en l'absence de son sacro-saint "smart"phone, qui bafouille faussement pour avoir l'air naturel dans sa diction mais qui n'arrive qu'à passer pour un acteur français moyen insupportable à écouter dans série française nulle tout aussi insupportable à écouter, avec une coupe de cheveu (ou une perruque ?) qui est tout sauf crédible.

Je ne m'appesantis pas sur l'absence d'humour, contrairement aux dialogues affligeants et lourds, dans un cadre naturel qui fait plus penser au sud de la France qu'à l'Armorique. Astérix est censé être le plus malin et le plus vif de la bande de gaulois, pas le plus débile ni une larve d'ado. Quoique là, je décèle un talent naturel de l'acteur pour interpréter ce type de caractère. Ce personnage aurait dû être interprété par un vrai acteur qui maîtrise son métier, qui est sorti de l'adolescence, avec le dynamisme nécessaire pour faire transparaître à l'écran l'esprit affûté et la vivacité de ce petit gaulois. Ce serait un personnage secondaire avec peu de temps à l'écran, cela aurait été pardonnable ou moins prégnant.

Le parallèle est cruel avec Obélix qui est super bien interprété, tout jovial et bonhomme qu'il l'est dans les albums. Heureusement qu'il est là, et joué par cet acteur !

Le village, sur fond de musique "originale" :

C'est le moment le plus drôle de ce début de film : il y a une bonne pointe d'humour avec le message "Musique originale – M –" qui apparaît à ce moment, la musique n'ayant rien d'original étant savamment et copieusement inspirée de celles d'Ennio Morricone. Malheureusement, je crains que cet humour découle davantage d'une coïncidence, et/ou d'une volonté de me prendre pour un débile en essayant de me faire croire que c'est une musique originale, que d'un réel talent d'écriture du film.

Point fort, pour une fois l'animation dans un village est très bien rendue, présentant une scène très naturelle de ce lieu de vie sans que cela ait l'air surjoué, suractif ou artificiel.

Falbala est très visiblement maquillée. Qu'on se comprenne, je ne considère pas qu'il est anormal qu'une femme se maquille si elle le souhaite, mais dans le contexte, c'est un décalage de plus entre ce film et ce qu'il est censé présenter. En plus cela laisse à penser qu'un personnage censé incarner la beauté de manière particulière dans cette fiction, ne peut le faire qu'une fois la face repeinte, ce qui présente les femmes sous un jour honteux (vous ne pouvez être belles qu'une fois maquillées). Je suis convaincu que cette actrice "au naturel", aurait tout à fait pu réussir sa mission sans apporter la touche artificielle et anachronique de son maquillage. Là, j'ai eu l'impression de croiser une collègue de travail dans notre monde actuel, ce qui m'a totalement sorti du film.

J'ai toutefois poursuivi après l'affichage du "Un film de …", espérant que les touches d'humour ne s'étaient pas achevées avec la fin de l'affichage de ces mentions.

J'étais encore persuadé de participer au soutient d'un petit film français à tout petit budget, la plupart des d'actrices secondaires ayant visiblement un métier principal en dehors du film, ne se présentant sur le tournage qu'à la fin de leur journée de labeur, habillées et maquillées comme elles l'étaient au travail, comme Falbala.

Encore une musique cliché lors d'un semblant de coup de foudre, bien loin de la promesse d'une musique originale... Je résiste et poursuis encore quelques minutes de visionnage.

La Chine, vue depuis un pays nain qui se croit encore plus important qu'il ne l'est :

S'en est suivi une succession de ramassis de clichés éculés (odieux ?) sur les chinois, ou les asiatiques en général, qui font forcément du Kong Fu, font des collections de vases…

Certains acteurs ne sont pas plus asiatiques que Yasser Arafat. Les portions de dialogues assez douteuses m'ont passagèrement fait craindre que le projectionniste nous proposait par erreur une parodie porno bas de gamme (pléonasme) d'un Astérix, en me disant "si c'est ça, je comprends mieux pourquoi le début était si nul", avec une jeune fille de 20 ans toute fraîche qui "veut connaître la gaule", et des remarques telles que "femme qui rit…". A moins que ce ne soit que la meilleure expression de l'étincelle de génie de celui qui a écrit ce film, y pensant incorporer la dose d'humour appropriée pour en faire un film divertissant. Le plus triste étant que je pense qu'il croit y être parvenu.

Ayant entendu assez largement qu'il n'y avait pas non plus de scénario, j'ai décidé d'économiser 1h30 de ma vie et ne pas continuer de regarder un film, sans scénario, et censé être comique, sans humour (autre que certaines mentions du générique de début).

M. Canet a semble-t-il présenté son œuvre comme cruciale pour l'avenir du cinéma français. Qu'il se détrompe donc, son œuvre est mineure, et l'avenir du cinéma français ne passera probablement pas par lui. Ce qui est rassurant et à interpréter à la lumière de la fable de Jean de La Fontaine, intitulée "La grenouille et le bœuf". M. Canet étant français, je vous laisse deviner quel animal de cette fable le représente le mieux aux yeux du reste du monde dans ce contexte.

Je regrette que son œuvre ne fasse pas honneur au travail des quelques actrices et acteurs de ce film qui méritaient une bien meilleure exposition de leurs talents. Mais au vu de ces derniers, je suis certain de les retrouver dans des fictions plus intéressantes, ce qui sera plaisant.

Je précise que, jusqu'à présent, je n'avais aucune dent contre M. Canet dont j'avais pu apprécier notamment "Ne le dis à personne", pour n'en citer qu'un.