César défie Cléopâtre d’édifier un somptueux palais en seulement trois mois. Elle confie cette tâche ardue à un architecte malhabile qui fera appel aux irréductibles Gaulois.
Il serait adéquat d'aborder l'œuvre cinématographique intitulée Astérix & Obélix - Mission Cléopâtre avec une déférence particulière, car elle se dresse, incontestablement, comme un jalon prééminent dans l'histoire de la comédie française, une entreprise d'une ambition colossale et d'une exécution d'une rare finesse. Sous l'égide d'Alain Chabat, dont l'esprit facétieux et l'irrésistible humour absurde imprègnent chaque séquence, le métrage déploie une fantaisie débridée qui captive l'entendement et réjouit l'âme.
Il est d'ailleurs notable que cette production, à l'époque de sa conception, fut le film français le plus onéreux jamais conçu, un investissement pharaonique qui, loin de se traduire par une grandiloquence stérile, a permis d'ériger un spectacle visuel d'une somptuosité rare, sans jamais sacrifier la légèreté et la vivacité du propos. L'empreinte indélébile de l'esprit Canal + est consistante à chaque instant, conférant à l'ensemble une irrévérence jubilatoire, une propension à la dérision et à l'autodérision qui sied à merveille à l'univers des irréductibles Gaulois. Cette fusion des sensibilités comiques, celle de Goscinny et Uderzo avec celle des Nuls, est indubitablement une grande réussite, engendrant un feu d'artifice de gags et de clins d'œil.
Le réalisateur a su, avec une dextérité admirable, conserver l'esprit baroque des albums originaux, transposant avec une fidélité respectueuse mais non servile l'essence même de ces aventures intemporelles. La richesse du verbe est telle que, si j'avais eu pour dessein de consigner toutes les répliques qui ont fait mouche, comme j'en ai parfois l'habitude, j'aurais, sans l'ombre d'une exagération, retranscrit pratiquement l'intégralité du film, tant elles sont presque toutes devenues cultes, gravées dans la mémoire collective. La densité impressionnante de blagues à la minute est une prouesse comique, un déluge incessant de calembours astucieux, de gags visuels burlesques et de situations cocasses, à l'instar des blagues habituelles qui ponctuent la saga, comme le naufrage récurrent des pirates, toujours aussi désopilant.
La prestation de Jamel Debbouze, dans le rôle de Numérobis, est d'une excentricité et d'une efficacité comique qui méritent une mention toute particulière. Son personnage, à la fois attachant dans sa vulnérabilité et hilarant dans ses réactions déconcertantes, est un pilier fondamental du triomphe humoristique du film, cumulant les répliques mémorables avec une aisance déconcertante.
Néanmoins, et c'est là une observation empreinte d'une légère mélancolie, l'on ne peut s'empêcher de déplorer que ce métrage, par sa nature profondément ancrée dans son époque, devrait moins parler à la jeune génération. Sa comédie, si brillante soit-elle, est intrinsèquement basée sur des références à des publicités, à des films, bref, à cette effervescence culturelle spécifique du début du millénaire, dont la compréhension pourrait échapper aux sensibilités contemporaines. Cette contingence temporelle, bien que conférant au film une patine nostalgique pour les aînés, pourrait en limiter la pleine appréciation par les plus jeunes, qui ne saisiront pas toutes les subtilités de son humour référentiel.
Bref, cela demeure un chef-d'œuvre de la comédie, un film d'une intelligence rare qui, par son humour foisonnant, son casting inspiré et sa réalisation audacieuse, a su transcender les attentes et s'inscrire durablement dans le patrimoine cinématographique français.