Asura
6.5
Asura

Long-métrage d'animation de Keiichi Satô (2012)

Ce film d’animation est incroyable, dans le sens où il prend des partis d’animation plutôt osés – et les réussi selon moi, mais reste dans une optique de « ça passe ou ça casse ». Le résultat – si l’on excepte les quelques passages pseudo moralisateurs avec le bouddhisme en ligne de mire – en fait un film finalement très court mais aussi très dense.

D’ailleurs, cela commence par l’animation, elle-même dérangeante ; sombre, jouant de ses contrastes, représentant des enfants qui n’ont pas l’air tout à fait humains, Asura qui se déplace comme un fantôme, et puis des adultes, qui l’ont parfois l’air un peu plus, parfois un petit peu moins, une femme lumineuse, un homme un peu plus sombre – il est étonnant de voir comment le réalisateur arrive à montrer leur état d’esprit dans leur apparence, sans en montrer trop. Tout le film me semble se dérouler de cette manière : en montrant un petit peu mais sans jamais exagérer. L’animation est propre en soi, mais relativement crade. Et je trouve que cela rend bien sans verser dans le pathos.

Le personnage d’Asura est magnifique. Dans sa manière de son comporter dans sa manière de se déplacer, dans sa manière d’être, même. On notera sans doute une petite exagération au niveau des mouvements – il saute vraiment haut, le petit – mais on dénote toujours ce rapprochement avec l’animal, parfois marqué et parfois moins, et les transformations de son corps, symbolique. Il est très « attachant » si j’ose dire. Mais il ne reste qu’une représentation, la représentation d’un évènement, d’une perdition – encore une fois, à ne pas prendre pour un pathos larmoyant : le film fait que le personnage reste central, sans devenir un martyr.

Et puis après, il y a peut-être le film qui a un peu de mal à démarrer, avec cette voix-of ; et qui démarre sans explication notable, et qui continue de la même manière ; on ne donne jamais d’explications, d’ailleurs, on n’y parle pas beaucoup, et l’ambiance devient vite étouffante – en même temps que cet enfant qui tue, mais qui est mis en relief de façon à ce qu’on ne puisse pas décemment souhaiter sa mort. Habile. Tout le reste de l’histoire se déroule de la même manière – sauf des pseudos morales que je préfère oublier – sans information notable, simplement comme un récit. De cette manière, on peut penser les personnages un petit peu plats, parce qu’un seul des traits de leur caractère est mis en valeur : celui que voit Asura.

Cette obsession, cette ambiguïté quasi ambivalente – d’ailleurs, quelle idée d’annoncer le film comme un film d’horreur ? – cette atmosphère lourde, cette focalisation magnifique, et le juste ton du réalisateur qui, couplé avec l’animation, ne délivre ni trop de pathos ni une violence exacerbée. Pour moi, le final est dans le juste ton – celui qui émeut, et on n’a même pas l’impression que c’est fait exprès. De plus, on pourra noter quelques scènes (présentes en grandes partie dans la bande annonce) qui sont juste magnifiques.
Shalynia
10
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le 20 mai 2013

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Shalynia

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