Namu Amida Butsu

Asura nous plonge dans le Japon du milieu du 15e siècle lors de l'époque Muromachi.
La sécheresse et la famine font des ravages et une partie du Japon n'est plus qu'un désert aride. Les morts se comptent par milliers et la population restante se livre aux pires exactions pour survivre ou parfois se soulève contre les nobles.

Ce film d’animation traite de la thématique de la bête en chacun de nous.

Pour ce faire il nous montre la déchéance du contrôle de l'homme sur cette bête quand il est confronté au pire.
Violence, cruauté, désagrègement des liens affectifs et familiaux, hyper-individualisme, instinct de survie poussé à son paroxysme, ne sont qu'une partie des symptômes des humains une fois les barrières de la sociabilité disloquées et les portes menant à notre bestialité volées en éclats.

C'est magnifiquement traité grâce à son personnage central, mi enfant mi animal. Cet être est né des calamités ayant menées sa mère jusqu’à la démence et l'anthropophagie.
Le film nous fait suivre son histoire mais c'est lorsque sa route croise celle d'un moine que les rouages se mettent en place.
Le moine lui faisant apprendre le sutra de buddha (Namu Amida Butsu) parvient à réveiller l’étincelle d'humanité en lui.
Chaque protagoniste croisant ensuite la route d'Asura, nous présente, chacun à leur façon, un visage de l'humanité. Un visage allant du meilleurs au pire et évoluant au gré des épreuves à surmonter et des instants vécus.

Je suis malheureusement moins enthousiaste par rapport au chara-design, surtout vis-à-vis de l'utilisation de la CGU pour les personnages et leurs visages.

Serte on pourrai presque croire que c'est dessiné vu l'originalité de la pâte graphique et les textures utilisées. Mais très vite cet anime se heurte au manque d'expressivité des visages (souvent apanage néfaste de la CGU).

Quel dommage pour ce film capable de véhiculer tant de sentiments qu'une partie de ce qu'il aurait pu nous offrir se voit balayé par une imagerie pas assez performante pour transmettre toutes les émotions que seraient censés avoir les protagonistes.
La CGU s'exprime par contre parfaitement dans ses qualités sur la partie animation de ce film.

Niveau gestion des couleurs, des plans, de la photo, des paysages, c'est aussi très bien fait.
Le travail sur les teintes et la lumière est tout particulièrement bien traité et aide à renforcer chaque scène.
Les musiques et les bruitages sont aussi de très bonne facture. Mais la voix et le jeu de certains seiyuu seraient perfectible.

Je terminerai en évoquant quelque chose que je n'affectionne pas mais qui arrive trop souvent. Dans ce film comme dans énormément d'autres œuvres : le réalisateur nous livre la morale de l'histoire.
Je préfère largement quand on nous laisse être le créateur des leçons à tirer d'une oeuvre. Le fait qu'elle me soit livrée clé en main comme dans une fable de La Fontaine à tendance à me chiffonner.

Si le film est bien réalisé, comme c'est le cas ici, il nous conduit à sa morale sans avoir recours à d'autres artifices. Nul besoin de nous la jeter à la figure.
Surtout si, encore une fois, comme ce film, il est adressé à un public relativement averti.

Allez et en bonus "Namu Amida Butsu" : Sutra de Buddha chanté