Atlantique, latitude 41° (A Night to Remember) est un excellent drame humain britannique réalisé par Roy Ward Baker, écrit par Eric Ambler et Walter Lord d’après son roman qui relate le naufrage en 1912 du Titanic.... joué par une cinquantaine de très bon acteurs (contrairement au film de James Cameron... le moindre role a son importance dans ce film référence qui est basé sur les témoignages d'une cinquantaine de survivants...) dont entre autres Frank Lawton (excellent) qui joue Joseph Bruce Ismay (le directeur de la White Star Line), Michael Goodliffe (excellent) qui joue Thomas Andrews (l'architecte du Titanic), Laurence Naismith (excellent) qui joue Edward Smith (le capitaine du Titanic), Kenneth More (excellent) qui joue Charles Lightoller (le 2e officier du Titanic), Kenneth Griffith (excellent) qui joue Jack Phillips (le 1er opérateur radio du Titanic) et David McCallum (excellent) qui joue Harold Bride (le 2e opérateur radio du Titanic).... Russell Napier (excellent) qui joue Stanley Lord (le capitaine du Californian... un cargo-mixte à proximité du Titanic qui ne réagit pas malgré les fusées envoyées par ce dernier)... Anthony Bushell (excellent) qui joue Arthur Henry Rostron (le capitaine du Carpathia... un paquebot transatlantique qui a récupéré les rescapés du Titanic)... Ainsi que Robert Ayres qui joue le Major Arthur Godfrey Peuchen, Tucker McGuire qui joue Mrs. Margaret Brown, James Dyrenforth qui joue le Colonel Archibald Gracie, Harold Goldblatt qui joue Benjamin Guggenheim, John Merivale qui joue Robbie Lucas, Honor Blackman qui joue Mrs. Liz Lucas, Andrew Keir qui joue James Hesketh...
Atlantique, latitude 41° a été réalisé avec les témoignages de survivants, notamment le quatrième officier du Titanic, Joseph Boxhall. De fait, il tend à être l'un des plus proches de la réalité... sauf peut être pour le manque de connaissance de l'époque sur certains aspects du naufrage (l'épave n'ayant pas encore été retrouvée) a mené à quelques erreurs, la plus évidente étant le fait que le navire ne se brise pas en deux. Contrairement à d'autres films comme Titanic de James Cameron et a fortiori le Titanic réalisé par les Nazis, il n'est pas dit que le navire allait trop vite sous l'impulsion de Joseph Bruce Ismay. En revanche, le film insiste, notamment à la fin, sur la confiance aveugle que tous ont voué au Titanic. Cette idée atteint son paroxysme lors du monologue de l'officier Lightoller à bord d'un canot de sauvetage à la fin du film.... Le film montre également à plusieurs reprises le cargo Californian, situé près du lieu du naufrage, et insiste sur son impuissance, qui peut aussi passer pour de l'inaction. En effet, ce n'est qu'en 1992 qu'il fut prouvé que son commandant, Stanley Lord, ne pouvait absolument pas aider le Titanic... On peut enfin constater des similitudes entre Atlantique, latitude 41° et le film de James Cameron. C'est le cas de certaines scènes impliquant l'orchestre, ainsi que la rencontre de Thomas Andrews avec un jeune couple dans le fumoir...
Sans se focaliser longuement sur aucun personnage (même si la star Kenneth Moore est plus légèrement mise en avant en 2e officier Charles Lightoller), cela s’exprime de manière plus diffuse à travers quelques vignettes sur les espérances des émigrants pauvres partis chercher fortune dans le nouveau monde, en opposition aux nantis plus préoccupés d’être les premiers à profiter du luxe du Titanic. Les scènes de joyeuses et poignantes séparations des classes populaires parties chercher fortune, la liesse de la 3e classe, répondent ainsi au ton guindé et à l’ennui de la 1ère classe. Baker effectuera le même genre de parallèle au moment du naufrage avec les passagers de 3e classe piégés dans les sous-sols, tandis que les nantis ont accès aux barques et que certains se permettent des remarques malvenues sur le confort. Roy Ward Baker, comme Cameron le fera (plus superficiellement) plus tard, cherche par ces procédés à dépeindre cette réalité des rapports de classe et à quel point le naufrage du Titanic représente par ses manquements et son désastre la fin de ce mode de pensée, la chute d’un monde. Le Titanic, symbole de cette toute-puissance, entraîne donc dans les abysses les dernières cendres du XIXe siècle, la Première Guerre mondiale à venir deux ans plus tard déclenchant l’ère moderne... Hormis quelques apartés, la première partie du film se consacre méticuleusement à dépeindre les éléments menant au désastre final, autant dus au hasard malheureux qu’à une arrogante inconscience : l’avalanche de télégrammes de passagers futiles empêchant l’envoi de celui (crucial) signalant la présence d’iceberg, la démonstration de force du paquebot dont la vitesse trop grande empêchera d’éviter l’obstacle fatal (ce dernier point étant plus explicite chez Cameron). La reconstitution dans son ensemble et le naufrage constituent un tour de force technique qui conserve toute sa puissance aujourd’hui. La production négocia de pouvoir filmer la façade et certains intérieurs du RMS Asturias, paquebot laissé à l’abandon par l’International Mercantile Marine Company (ancien propriétaire de la White Stare Line). Une façade fut repeinte afin de le rendre semblable au Titanic tandis que l’autre, désormais détruite, fut récréée en matte painting par des étudiants au Beaux-Arts, un effet de miroir rendant l’illusion invisible lorsque l’on passe d’un côté à l’autre. Ces images seront notamment utilisées lors du grand départ au port de Southampton, et d’autres recyclées du Titanic de 1943 produit par l’Allemagne nazie - dont les scènes en mer calme où celle montrant la salle des machines.... Tout ce qui concerne le naufrage sera filmé aux studios Pinewood, que ce soit l’envahissement du décor par les eaux, la fuite désespérée en canots de sauvetage, et bien sûr l’image mythique du Titanic coulant à pic à la vue des survivants médusés se débattant pour leur survie. L’aspect choral n’aura pas suscité une empathie marquée sur la longueur du film (ce n’était pas le but), mais contrairement au film de James Cameron, ces silhouettes et personnalités entraperçues en diagonale auparavant acquièrent soudain une émotion palpable dans leurs derniers instants. Le parallèle entre ces jeune mariés et ce vieux couple ne souhaitant pas se quitter, ce cuisinier ivre mort qui trouve l’astuce de s’en sortir, ou encore les passagers s’agrippant désespérément à la partie émergente du navire qui sombre constituent des images marquantes illustrant l’aspect irréel et apocalyptique de la situation... Enfin bref, moins spectaculaire que le film de James Cameron (ce qui faisait l'unique force de son long métrage), le Titanic de Roy Ward Baker est de très loin superieur a ce dernier, grace a ses personnages et sa mise en scéne très sobre tout le contraire du film de James Cameron.
Eric31
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les 1001 films de mes soirées

Créée

le 22 mars 2015

Critique lue 886 fois

3 j'aime

Eric31

Écrit par

Critique lue 886 fois

3

D'autres avis sur Atlantique, latitude 41°

Atlantique, latitude 41°
Szalinowski
8

Nearer My God To Thee

Je dois faire partie des trois péquenauds au monde (les deux autres étant mon huissier et mon chien) n'ayant jamais vu le Titanic de James Cameron. À l'époque, ni la perspective des effets spéciaux...

le 5 févr. 2021

12 j'aime

9

Atlantique, latitude 41°
Franck_Plissken
10

The Odyssey of the Unsinkable

Nul besoin de rappeler la tragédie du R.M.S Titanic de la White Star Line, cette fameuse nuit du 14 au 15 Avril 1912. Concentrons-nous sur A Night to Remember (magnifique titre, s'il en est), le film...

le 11 avr. 2017

11 j'aime

Atlantique, latitude 41°
Tromatojuice
9

Magnifique

Un film absolument incroyable, qui malgré son âge, tient la dragée haute au Titanic de Cameron. Les ressorts dramatiques sont ici magnifiquement gérés, et ne se bornent pas à une histoire d'amour...

le 25 nov. 2012

9 j'aime

1

Du même critique

Ma Loute
Eric31
1

Critique de Ma Loute par Eric31

Ma Loute est un OVNI cinématographique sur les apparences cachés très lourdement réalisé par Bruno Dumont qui met en scéne les Van Peteghem une famille très snobinarde de riches bourgeois lillois qui...

le 18 mai 2016

25 j'aime

20

Le Fondateur
Eric31
8

Critique de Le Fondateur par Eric31

En 1937, Patrick McDonald fonde « l'Airdome », restaurant sur la Route 66 près de l'aéroport de Monrovia en Californie... lequel sera déplacé à 64 km à l'est de San Bernardino et rebaptisé McDonald's...

le 31 déc. 2016

20 j'aime

4

Il était une fois dans l'Ouest
Eric31
10

Critique de Il était une fois dans l'Ouest par Eric31

Il était une fois dans l'Ouest (C'era una volta il West) est un superbe Western Opéra Italo-américain réalisé par Sergio Leone sur une musique composée par Ennio Morricone... coécrit par Sergio...

le 2 sept. 2017

15 j'aime