Contrairement à d'autres films de guerre hollywoodiens, Attaque ! n'a pas bénéficié du concours de l'armée, et on comprend aisément pourquoi. Attaque ! fait partie des 5 films qui ont révélé le talent d' Aldrich en Europe dans les années 1954-56 (avec Bronco Apache, Vera Cruz, En quatrième vitesse et le Grand couteau), et qui ont fait de lui un cinéaste adulé par la critique française.
Le film obtint un très gros succès et reçut le Prix de la critique italienne à la Biennale de Venise 1956, malgré l'hostilité de l'ambassadeur américain, car l'armée US y était présentée sous un jour peu favorable. Aldrich faisait voler en éclats le patriotisme et le sentiment d'estime colportés par les films de guerre jusqu'ici, car il est clair qu'on aurait pu difficilement concevoir auparavant un tel portrait d'officier veule et lâche. Les films de guerre abordaient donc un nouveau tournant et devenaient beaucoup plus réalistes et frondeurs en remettant en cause l'héroïsme guerrier ; en 1956 également, Anthony Mann réalisait Cote 465, autre film au propos ambigu et sans concession sur la guerre, de même qu'en 1957, Amère victoire de Nicholas Ray allait dans cette direction.
Aldrich n'a pourtant pas voulu faire qu'un simple film antimilitariste, il dénonçait aussi avec efficacité la guerre et son absurdité, et insistait sur le côté "tranche de vie" des soldats dont la Seconde guerre mondiale est le cadre. Aldrich plonge le spectateur dans un enfer où la boue et les gravats se mêlent au sang des blessés, et rarement le courage a été décrit avec autant d'acuité que dans la séquence magistrale où Jack Palance et ses hommes encerclés, foncent en terrain découvert vers une petite maison en ruines. Comme Samuel Fuller, Robert Aldrich laisse paraître son intérêt pour les hommes et son mépris pour les lâches, surtout lorsqu'il s'agit d'un officier qui envoie des pauvres gars au casse-pipe.
Réalisé avec peu de moyens, le film ne possède aucun personnage féminin, et Aldrich a refusé les facilités commerciales de la couleur que le studio lui proposait, pour accentuer l'aspect authentique, comme un documentaire. En 1970, il traitera pratiquement le même sujet avec les mêmes ambiguïtés, dans Trop tard pour les héros, en modifiant seulement le décor. Un film fort, brutal et cruel à voir absolument, et où Jack Palance trouve un de ses meilleurs rôles.