Une passionnante enquête, doublée d’une très intéressante remise en question du cinéma guinéen.

"Mouramani" est un film mystérieux que personne n’a vu et rares sont ceux à en avoir entendu parler. Et pourtant, ce n’est pas n’importe quel film puisqu’il s’agit là du tout premier film réalisé par un cinéaste d’Afrique francophone noire (et accessoirement, le tout premier film du cinéma guinéen).


Pendant très longtemps, Afrique-Sur-Seine (1955) de Mamadou Sarr a été considéré (à tort) comme étant le premier film d’Afrique noire. C’est armé de sa caméra et de sa perche, que Thierno Souleymane Diallo parcourt la Guinée à la recherche de la moindre information sur Mouramani, le film de Mamadou Touré. Son voyage est aussi l’occasion d’une introspection sur son pays (ex-colonie française) et sur la situation préoccupante (voire inexistante) du cinéma dans le pays.


On découvre notamment que la Guinée a été avant-gardiste en son temps (notamment lors de l’indépendance) avec la création du "Sily-cinéma" (l’équivalent du CNC). Le pays était alors à la pointe en matière de création audiovisuelle, mais malheureusement, lors du coup d’état orchestré par le Portugal en 1970, c’est l’ensemble de la filière cinématographique qui tombera, et avec elle, des centaines de bobines 35mm qui n’auront jamais été archivées et/ou protégées (l’ensemble des bobines qui étaient stockées à la Cinémathèque guinéenne furent brûlées).


Le film donne aussi l’occasion de voir l’état lamentable dans lequel se trouvent certains cinémas en Guinée, notamment Le Vox (fermé en 1995 et où de rares bobines continuent inlassablement de prendre la poussière). Le réalisateur se rend jusqu’en France pour tenter de résoudre le mystère qui entoure Mouramani (puisqu’il a été tourné à Paris en 1953 en 16mm). C’est ainsi que l’on se retrouve au cinéma La Clef ainsi qu’au Fort de Bois-d'Arcy (qui abrite la direction du patrimoine cinématographique du CNC, avec près de 140 000 films en bobines 16mm & 35mm).


Une passionnante enquête sur un film perdu, doublée d’une très intéressante remise en question du cinéma guinéen, un véritable gâchis, aussi bien de ressources que de talents.


http://bit.ly/CinephileNostalGeekhttp://twitter.com/B_Renger

RENGER
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le 18 juil. 2023

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