Ron Howard ne réussit pas toujours de bons films, je pense notamment à Da vinci code. Déçue car j'en attendais beaucoup... Mais si certains films sont regardés avec bienveillance, pourquoi pas celui-ci ? J'ai donc tentée de me mettre en retrait d'une attente particulière ne prenant le film que pour ce qu'il est : un film d'aventures et de rapports humains, reprenant les codes du genre.


Ron Howard livre ici un bon divertissement, où se mèlent péripéties, effets spéciaux distillés juste ce qu'il faut. Assez soutenu avec une narration dynamique, interrompue avec les séquences de Melville avec son hôte coupant ainsi le récit par un changement de rythme bienvenu.


Inspiré de faits réels sur le naufrage de 1820 pour lequel Melville tirera son roman de "fiction". Moby dick. Il fera de ce drame une aventure grandiose en supprimant les scènes chocs, notamment sur la survie des marins.
Le film débute par l'arrivée de Melville, joué par Ben whishaw, dans une ambiance nostalgique de lourds secrets enfouis. L'un des seuls marins survivants du naufrage du baleinier "Essex" se livrera, à force de whisky, et contera son histoire. Brendan Gleeson (bons baisers de bruges), Michelle Fairley (série Game of Thrones), jouant son épouse effacée et pourtant d'une force certaine, sont joués finement et sans excès.


Les scènes avec le cétacé, grandiose et sans concession dans sa poursuite de ces hommes, nous revèlent plutôt l'instinct chasseur de l'être humain, mettant en évidence, le caractère impitoyable et meurtrier n'hésitant pas à tuer les baleines par centaines, pour récupérer leur huile, bien inestimable à l'époque (avant que ne soit découvert le pétrole).
Les scènes en mer sont impressionnantes, même si aujourd'hui les images de synthèse contribuent parfois à exagérer, ici le côté grand spectacle est bien géré. Mêmes les couleurs apportent de la "profondeur". Les bâteaux fracassés comme des jouets nous rappellent que la nature est peu encline avec l'homme, -cette intelligence suprême- mais relégués à des simples marionnettes. Et c'est fortement plaisant.../...Ces plans sont réussis.


Ceci, croisé avec la tension de ce marin avec son capitaine issu de l'aristocratie et n'étant présent que pour la forme, offre également à C.Hemsworth un rôle lui permettant de s'éloigner de ceux de super héros "Thor" même si sa filmographie ne comporte pas que ça. Benjamin Walker est tout en retenu par des expressions révélant au fil de l'histoire sa prise de conscience, sa dualité face à une réalité et à ses devoirs.


Pas d'histoires sentimentales pour combler comme souvent (d'où interlude : le film Lawrence d'Arabie, de David Lean, est une réussite notamment à ce propos, ce concentrant sur une seule histoire d'hommes).


Ma note correspond quand même au fait que je n'ai pas réussi totalement à me défaire de ce que j'en attendais !! A savoir un film plus violent (on n'est pas dans moby dick justement), des rapports humains plus développés, les scènes chocs de survie sont effacés par les bons sentiments des uns envers les autres et n'apportent pas tout le sentiment d'horreur face à une telle tragédie. Le magnifique cétacé aurait mérité plus d'attention. On reste donc sur un film pour tout public, trop édulcoré lui aussi.

limma
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le 7 mars 2016

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