Une recherche du bonheur à travers une transmission qui permettra l’émancipation.

Au Cul du Loup est un film de Pierre Duculot. Sorti en France le 22 août 2012, il met en scène Christelle Cornil, François Vincentelli et Jean-Jacques Rausin. Christina, bientôt 30 ans, vit dans la région de Charleroi avec Marco, son petit ami. Marco travaille avec son père Gino dans une pizzeria très fréquentée. Christina est très proche de sa famille et depuis des années, elle a noué une relation privilégiée avec sa grand-mère qui vit seule dans le voisinage de la maison de ses parents. Un soir d’automne, celle-ci décède, lui laissant en héritage une maison en Corse. Dans son entourage, personne ne semble savoir pourquoi la vieille dame possédait cette maison. Sa famille et Marco pressent Christina de vendre son bien. Mais elle s’y refuse et veut comprendre pourquoi sa grand-mère lui a laissé cet étrange legs. Elle voit en cet héritage une occasion unique de remettre en question sa vie monotone.

Pierre Duculot présentait son film au 31e Festival International du Film d’Amiens (aussi en compétition avec El Campo et Louise Wimmer notamment). Lors d’une présentation, Pierre Duculot révélait qu’il n’avait pas de distributeur pour sortir son film en salles. Il avouait qu’il aimerait en trouver un. Ça se comprend, un réalisateur veut que ses films soient vus, sinon c’est une perte de temps. Personnellement, je n’ai pas perdu mon temps en choisissant de placer ce film dans mon planning du festival d’Amiens 2011. Ce fut un réel plaisir de voir ce film, méritant sa récompense (même si je ne l’aurais pas choisi pour le premier prix). Tout d’abord, je tiens à préciser que l’actrice Christelle Cornil n’en est pas à sa première collaboration avec Pierre Duculot. La complicité et l’amitié paient au profit d’une prestation réussite, amenant à la persuasion que son personnage est attachant comme l’histoire le veut. Elle est nous force à s’attacher à elle avec les relations de familles qu’elle a. Des parents avec qui elle est assez distante et un petit-ami qui aimerait bien porter la culotte à plein temps. Le contexte de la famille auquel nous sommes habitué et qui en devient trop banal au fil des films que l’on voit. Il y a notamment dans cette habitude l’un des membres de la famille qui souhaite prendre son envol. Le fait est lassant, la manière fait la différence. Comme à chaque fois, le fait est que ce membre de la famille a une vie monotone où les autres membres prônent le « on ne fait pas ce qu’on veut dans la vie ». Quel théoricien a dit ça ? Et si on pouvait s’échapper afin de conquérir la liberté au bout du chemin, quitte à faire quelques sacrifices ? Pour cela, un héritage est mis à la disposition du personnage principal.

Et c’est là que ça devient intéressant : elle la liberté au bout d’un chemin grâce à un autre membre de sa famille. Généralement, la famille est un poids entier, mais ici, il y a une personne qui la pousse dans ses désirs. Mais surtout, partir loin de chez soi (oui, encore ça), dans un endroit différent où personne nous connaît : c’est ceci qui permettra peut-être de trouver la liberté tant espérée. Mais cette liberté ne se trouvera pas facilement : à l’instar du legs laissé en héritage, le personnage principal doit tout reconstruire afin d’embellir le paquet. Cette émancipation ne sera pas facile, les contraintes sont nombreuses et des sacrifices sont à faire. Mais à ce qu’il parait, ça peut valoir le coup. Donc notre personnage principal décide de régler cette émancipation seule, à l’écart de sa famille et de son petit-ami afin de prendre un nouveau départ, de repartir de zéro. A croire qu’il suffit d’une transmission pour régler la volonté d’émancipation. Cette quête à la liberté passera par la rencontre de nouvelles personnes, de nouveaux endroits. On en revient au fait de se refaire sa vie, ou alors la faire ailleurs. Avant d’en venir à cela, on pourra souligner qu’une fois la découverte d’une émancipation possible, la joie de vivre revient et prend le dessus, au point de se couper de sa famille. Couper le cordon, ne compter que sur soi-même et en profiter. Tout ceci amènera évidemment des chamboulements dans la vie de chacun, que ce soit dans celle du personnage principal ou dans celles des membres de la famille. Là où Louise Wimmer prônait la recherche de l’égalité, ce film prône la recherche de la liberté. Et j’en reviens à la partie « faire sa vie ailleurs, seul » : Pierre Duculot a décidé dans ce film de nous emmener en Corse. Il nous déroule en même temps que l’émancipation une carte de la Corse. Une quête à la liberté aussi mélodramatique que belle, aussi joyeuse que périlleuse dans une région française qui a tout son charme et qui séduit encore plus le spectateur.

Finalement, Au Cul du Loup est un film où le personnage part à la recherche du bonheur à travers une transmission qui permettra l’émancipation. Et tout ceci dans une ambiance joyeuse et semi-dramatique, voulant privilégier la beauté, notamment avec une carte séduisante de la Corse. Ce film montre en quelques mots l’échappée belle d’une femme en quête de liberté.

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Auteur : Teddy
LeBlogDuCinéma
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le 21 août 2012

Modifiée

le 21 août 2012

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