Ce documentaire m'a dérangé et comme le dit une artiste interviewée : le malaise créé le mouvement. C'est néanmoins un double malaise que j'ai ressenti ici.
Le documentaire raconte les réseaux de prostitution nigérians en Italie, leurs origines, leurs ramifications dans les villes d'origine des femmes victimes du réseau, l'odyssée de ces femmes du Niger à la Lybie jusqu'en Italie. Sont racontés l'accueil fait à ces migrantes en Italie et le travail associatif et humain réalisé.
Ce qui me dérange dans le film c'est l'inhumanité de ces réseaux & leur violence.
Ce qui m'a dérangé également, c'est la voix de la narration. Sont interviewées à 95% des femmes blanches, certaines avec des propos hors-propos, comme "Quel sentiment incroyable que de sauver des gens". Même si la réalité est que cette personne fait bien plus pour le monde que beaucoup (et que moi en particulier), il y a quelque chose de déshumanisant dans ce schéma sauveur-sauvé.
Beaucoup des intervenantes portent un discours dans cette veine, comme à l'emporte-pièce. Une voix traverse ce récit et reste en bouche des jours après. C'est la voix de Sabrina Efionayi, la poète, fille d'une femme prostituée. Elle porte un regard à hauteur de sa mère et des autres femmes qui l'entoure. Ce regard est celui que je décide de retenir.
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J'ai réalisé cette série de critiques dans le cadre de Cineffable, festival international du film lesbien & féministe de Paris. Mon objectif est d'écrire une critique rapide pour chaque film présenté, le plus à chaud possible.