Le cri d’alarme de l’agriculture française

A 16 ans, Edouard Bergeon se retrouve seul avec sa mère et sa sœur à la tête d’une ferme après le suicide de son père. En 2012, devenu journaliste et réalisateur, il livre un documentaire sur le déclin des conditions de vie des agriculteurs français. 7 ans plus tard, le voici aux commandes de son premier long-métrage de fiction (ou plutôt d’autofiction) autour de la descente aux enfers de son père à la fin des années 90.

Totalement maîtrisée, cette œuvre est une petite pépite du cinéma français. Enfin un film qui parvient à coller au réel, à avoir un vrai message de fond et à être sincèrement émouvant. En effet, au travers de ce récit, Bergeon raconte la mise à mort de l’agriculture française depuis la généralisation du libre-échange et de la concurrence mondialisée. Il réalise une véritable œuvre d’art, à la fois touchante et utile.

Bien évidemment, ce film fait écho au « Petit Paysan » d’Hubert Charuel avec Swann Arlaud sorti en 2017. Alors que certains réalisateurs, scénaristes et acteurs passent leur temps à parler des petits problèmes psychologiques des élites parisiennes, des auteurs éclairés comme Bergeon et Charuel relèvent un peu le niveau en s’intéressant aux autres strates de la population. Cela fait du bien de voir que le cinéma français peut encore produire des œuvres réellement engagées.

De plus, il faut dire que les acteurs sont tous quasi-parfaits. Guillaume Canet est pleinement investi dans ce rôle éprouvant et cela se ressent. Rufus (en père sévère mais juste), Veerle Baetens (en épouse dévouée) et Anthony Bajon (en fils observateur) sont tous extrêmement convaincants. Si l’on rajoute à cela la composition musicale de Thomas Dappelo, qui est d’excellente facture, on peut tout à fait affirmer que ce film entre sans aucun doute dans le classement des meilleurs films français de l’année ! A voir.