Sophie,juge d'instruction à Toulon,entend Juliette,une demie-pute accusée d'avoir plumé son amant marié,lequel s'est suicidé.Au fil de l'interrogatoire,Soso découvre que Juju n'est autre,miracle de la coïncidence scénaristique,que la mère biologique de Léo,son fils adoptif de 18 ans.La panique s'empare alors de la magistrate et d'Olivier,son mari avocat,ce qui va les pousser à multiplier les conneries,tout ceci aboutissant à un drame.Yves Angelo est un des chefs-opérateurs les plus réputés du cinéma français,mais ça ne lui suffit pas et il fait le réalisateur de temps à autre.Seulement six longs-métrages ciné en 21 ans,et un seul succès,son premier film sorti en 94,"Le colonel Chabert",d'après Balzac.Cependant,on lui doit une autre adaptation littéraire réussie,"Les âmes grises",tiré du roman de Philippe Claudel.Il faut dire que ces deux oeuvres,noires et déprimantes,s'accordent bien au style d'Angelo,qui fait dans la lenteur,le dépressif et l'ennui distingué."Au plus près du soleil" est une sorte de thriller hypotendu et cataleptique,basé sur une histoire qui avait du potentiel mais succombe sous les assauts d'un script approximatif et d'une mise en scène soporifique et étouffante.Angelo cosigne le scénario avec deux autres réalisateurs.Pas étonnant de retrouver là Gilles Legrand,auteur de l'involontairement comique "La jeune fille et les loups",plus surprenante est la présence de l'excellent François Dupeyron.Il est vrai qu'il n'était sans doute pas au mieux de sa forme vu qu'il décèdera en 2016,peut-être d' avoir vu le résultat de son travail.Pour compléter la dream team,on a Frédéric Blum comme directeur de production.Il est le réalisateur d'un unique film,"Les faussaires",qui explique assez bien pourquoi personne n'a voulu lui confier une caméra ensuite.Pour en revenir à notre psychodrame pâteux,un gros problème de narration se pose d'emblée,à savoir qu'on ne comprend strictement rien à l'affolement des parents adoptifs.Juliette,qui a accouché sous X à 14 ans,ignore totalement où est son fils et ce qu'il est devenu.De plus,elle ne manifeste aucune intention de le savoir.Par conséquent,on se demande ce qui pousse Sophie et Olivier à agir comme ils le font.La juge envoie la cagole en taule injustement,juste pour l'éloigner,puis l'avocat,pas d'accord avec les agissements de sa femme et rongé par la mauvaise conscience,contacte la fille à sa sortie de prison en se faisant passer pour un autre et lui file du fric.Bref,les personnages agissent de manière absurde et totalement irrationnelle,ce qui est d'autant plus gênant qu'il s'agit d'éminents juristes.La réalisation d'Angelo emballe le récit de manière comateuse.Il procède en enserrant les protagonistes dans des cadres serrés en permanence et accumule les gros plans,façon probablement de signifier les spirales funestes dans lesquelles ils s'enferment.Malheureusement,c'est surtout le spectateur qui en vient vite à manquer d'oxygène et à se sentir piégé dans cette lente progression d'images étroites.Le bruitage est mis en relief pour donner un côté naturaliste,mais ça ne se marie guère avec l'artificialité du film.Au final,on ressent une impression de froideur lisse,on n'éprouve aucune empathie pour des personnages dépourvus de chair et définis uniquement par leurs actes,et on ne croit pas à leurs rapports.Le couple de Sophie et Olivier ne fonctionne pas,pas plus que leurs relations avec leur fils,et ce n'est pas la faiblesse de dialogues atones qui peut améliorer la situation.C'est regrettable car au fond cette description de bourgeois égoïstes et manipulateurs en dépit des vertus morales qu'ils prônent est assez pertinente,particulièrement le portrait de cette magistrate affichant sa morgue gauchiste,genre Syndicat de la Magistrature,qui se comporte en privé comme une merde,ainsi qu'il est de coutume chez ces gens-là,et n'hésite pas à abuser de sa situation afin d'écarter de son chemin une pauvre fille.Il est donc assez jouissif de voir leurs minables manigances se retourner contre eux.La dernière partie sur le bateau est interminable,avec ses ridicules séquences de cache-cache,mais le final relève le niveau en enchaînant les évènements tragiques,avec à la clé inceste à l'insu du plein gré et suicide en mer.L'obèse Grégory Gadebois est,pour on ne sait quelle raison,un acteur en vogue dans le ciné français actuel.Il livre ici une interprétation d'une fausseté si remarquable qu'elle devrait être montrée dans tous les cours de théâtre en guise de contre-exemple.En plus,sa diction approximative laisse soupçonner qu'il se balade constamment avec une patate chaude dans la bouche.Faudrait qu'il arrête de manger après l'heure de la cantine.Le jeune Zacharie Chasseriaud est d'une fadeur parfaite et les seconds rôles sont des amateurs recrutés sur un parking de supermarché.Seules les nanas font brillamment le job.Sylvie Testud est comme souvent formidable et incarne cette juge retorse avec une belle justesse,tandis que la trop méconnue Mathilde Bisson est canon et joue superbement les fêlures d'une fille perdue mais combative.

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le 21 oct. 2019

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