Un voyage entre horreur de la guerre et beauté de l'art

En Juin 2017 dernier sort le trailer d'Au Revoir Là Haut. En voyant cette image léchée, ce casting incroyable et fourni mais aussi le nom de Dupontel en tant que réalisateur, mon engouement était à son comble. Cette attente en valait-elle la peine ?


Ce film, en plus d'être très bon, offre un vent frais dans le cinéma français d'aujourd'hui. Entre deux comédies avec des thèmes plus que douteux et des drames familiaux plats, Au Revoir La Haut se démarque très clairement. D'abord, parlons de ce qui saute aux yeux dès la première image : la réalisation. C'est magnifique. Ces plans séquences fait à la dolly, avec des tonnes de machineries, où l'on ressent le poids du machino sur l'armature de l'outil qui fait bouger la caméra dans des endroits incongrus, ça faisait longtemps que je n'avait pas eu ce sentiment au cinéma. De nos jours, on a tendance à favoriser les steadicam et autres ronin qui font certes une image parfaite et stable, mais on ne retrouve plus ces mouvements presque involontaires où l'on sent l'âme derrière le film. Ce n'est que mon point de vue, mais il y a un vrai travail là dessus qui nous immerge dans cette histoire passionnante. En effet, Au Revoir Là-Haut propose une histoire presque borderline sur l'après première guerre et sur la recherche d'une identité propre dans un monde qui se remet peu à peu de ses horreurs.


Le personnage d'Edouard, interprété par Nahuel Perez Biscayart qui est décidément un excellent acteur en plus de sa performance dans 120 BPM, est parfois drôle, inventif, mais aussi triste, tout comme le film. Ce personnage perdu dans une époque qui le rejetait et qui le rejette toujours alors que c'est ce monde lui-même qui l'a façonné : on est toujours ici dans une recherche d'identité. Mais d'autres personnages permettent une grande part d'humour dans ce film, comme bien sûr Albert , interprêté par Albert Dupontel, qui a une intonation et un visage digne des films de Chaplin et des dessins de Gotlib, sans oublier le personnage hilarant de Merlin, interprêté avec brio par Michel Vuillermoz, qui a l'une des scènes les plus réussies de ce film (sans spoiler, je dirai juste nains). Le personnage qu'incarne Laurent Laffite est ce genre d'homme que l'on aime détester. Son jeu est tout en finesse et permet vraiment de le haïr et, une fois sa gloire perdue à la fin de la guerre, d'apprécier sa déchéance. Le seul personnage qui pose problème pour moi est celui de Louise qui fait un peu trop "enfant savant", mais bon, cela reste un léger problème.


Le travail sur le son, surtout au début, permet une immersion dans la guerre et ensuite dans l’effervescence des années 20. La musique accompagne vraiment bien le récit et emmène encore plus loin certaines scènes, surtout sur la fin de l'Acte 2. Le design des masques est vraiment réussi et permet au récit d'être encore plus visuel et créatif, tout comme Edouard.


Vous l'aurez compris : j'ai beaucoup apprécié Au Revoir Là-Haut. Tout simplement puisque c'est un film important, sur notre histoire et pour notre cinéma. C'est ce genre de film qui mérite d'être prôné et non des films infâmes, qui se moquent de minorités au lieu de les montrer sous d'autres angles, comme ici. Cette recherche d'identité peut d'ailleurs se référer à plusieurs problèmes d'époque, qui persistent toujours, comme l'homosexualité, la créativité ou tout simplement l'anti-déterminisme.


Merci pour tout, soldat Maillard.

Nazaru
8
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le 30 oct. 2017

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Nael Zaiti

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