Réalisateur atypique, auteur d'un nombre considérable d'heures de rushes montrant la nature sous toutes ses multiples coutures ( forces des éléments, paysages en mouvance, ombres et lumières mêlées...) Jacques Perconte tourne, monte et construit Avant l'effondrement du Mont-Blanc entre 2019 et 2020, arborant fièrement son matériau filmique formé d'images préexistantes et de compressions numériques.


On assiste alors - au gré des visions enneigées de cet étonnant court métrage - à une éventuelle et inédite définition d'une certaine forme d'existentialisme cinématographique : ainsi chez Jacques Perconte le cadre précède toujours et forcément l'image, le réalisateur mettant un point d'honneur à transformer le réel dans un formidable work in progress informatique malmenant, triturant et manipulant les textures du visible. Séparant et/ou rapprochant les vues et les sons de son Sujet ce chercheur fascinant et fasciné par l'objet de son propre travail renouvelle à chaque instant son approche filmique tout en adoptant une démarche délibérément erratique et auscultatrice ; il accorde par la suite une seconde vie aux images tournées préalablement, faisant jaillir de ces peaux mortes et de ces neiges éternelles d'étranges aspérités pixelisées.


Avant l'effondrement du Mont-Blanc, en un peu plus de 15 minutes d'agressions scopiques et de pressions acoustiques ébranle, fascine et exténue dans le même mouvement de recherche évolutive. Un Art-vidéo passionnant, moins proche de l'installation muséologique que de l'Objet cinématographique purement expérimental. La contemplation, la structure balisée du plan de cinéma et le rythme préfabriqué sont pour ainsi dire totalement délaissés par Perconte : le réalisateur travaille son Art comme un musicien travaillerait ses gammes, préférant dévoiler son processus créatif au détriment du résultat. Unique.

stebbins
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le 30 sept. 2020

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