Un sujet très original, de bons acteurs, une jolie actrice.
Sujet inédit donc que ce camp de réfugiés/déplacés à la frontière autrichienne à la fin de la 2éme guerre mondiale où des officiers britanniques (excellent David Niven en soldat amer et désillusionné et un tout minot John Hurt en intellectuel romantico-idéaliste) doivent faire le tri entre les réfugiés qu'on laisse passer à l'Ouest et ceux qu'on renvoie sans pitié chez les Soviets.
Ajoutez y un interprète/ traducteur en apparence apatride mais débrouillard, magouilleur et charmeur (Chaim Topol, acteur israélien dont j'ignorais tout jusqu'à aujourd'hui) et une aubergiste autrichienne (Anna Karina, dont on se demande quand même un peu ce qu'elle fait là mais bon c'est plutôt plaisant) dont tout ce beau monde est amoureux.
Tous veulent survivre à ces temps troublés et tous se trimbalent des secrets et des faiblesses qui les rendent humains et terriblement vulnérables.
Assaisonnez de tensions permanentes avec les forces d'occupation soviétiques et vous obtenez un sujet passionnant et original.
Hélas, trois fois hélas, c'est après que çà se gâte : d'abord le scénario ne sait pas trop où il va. A force d'hésiter entre le drame, le picaresque, la romance et le mélodrame on finit par perdre de vue le sujet principal (la survie en temps troublés) et ces trop fréquentes ruptures de ton font perdre beaucoup de force au film. C'est dommage mais pas encore rédhibitoire.
Ce qui l'est définitivement par contre, c'est la triste mise en scène de Jack Lee Thompson.
Il a prouvé à maintes reprise son manque de talent (Les Canons de Navaronne ou le calamiteux L'Or de Mc Kenna) et on se demande bien pourquoi Hollywood est allé le chercher en Angleterre pour réaliser ces bouses.
La forme, ici, est franchement insuffisante : une photo laide à pleurer, une absence de choix et de décisions artistiques claires, bref une petite allure de téléfilm mal fagoté qui gâche un sujet intéressant.
6 pour le sujet, 4 pour le traitement scénaristique, 3 pour la mise en scène nous donne un 5 parce que je suis gentil (ce soir) et que j'aime le cinéma anglais.
Mais Thompson vraiment, j'ai du mal...