Le début de la fin

Après 10 années au cours desquelles Marvel Studios a conçu et établi ce géant qu'est le Marvel Cinematic Universe que nous connaissons aujourd'hui, voilà que sort le premier des épisodes finaux annoncés : Avengers: Infinity War.

Tout commença avec Iron Man, premier film introduisant le personnage aujourd'hui iconique interprété par Robert Downey Jr. Avec une première scène post-générique présentant le personnage de Nick Fury incarné par Samuel L. Jackson, qui permettra par la suite de faire le lien avec beaucoup d'autres personnages d'un univers bien plus grand, les studios lancèrent par la même occasion un pari au monde du cinéma: créer un univers cinématographique plus riche et prospère qu'aucun auparavant.

Et il faut dire que malgré quelques films moyens et peu consistants, on peut acclamer le brio de la tête pensante qui a su si intelligemment construire ce monde adapté des comics Marvel et l'adapter au grand écran afin de répondre aux envies des spectateurs et fans du monde entier.
En effet, les chiffres du box office mondial parlent pour eux-mêmes. Mine de rien, Disney a récolté par le biais de Marvel Studios la somme mirobolante de 17,3 Milliards d'euros.

Certes, tous les épisodes ne sont pas convaincants, tous les personnages ne sont pas très construits, mais il n'en reste pas moins que la gestion de cet ensemble est presque parfaitement maîtrisée, tellement l'univers est cohérent malgré sa richesse.

Le pari avec Infinity War était donc de réunir à l'écran la quasi-totalité des personnages et univers introduits précédemment et les faire affronter le personnage présenté depuis Avengers premier du nom comme étant l'ennemi numéro 1, à savoir Thanos.
L'enjeu était de taille, sachant la complexité que pouvait avoir une histoire tournant autour des pierres d'infinité, qui ont elles aussi été plus ou moins bien introduites avant, et un personnage teasé depuis 6 ans et qui par conséquent suscitait la curiosité et l'excitation des amoureux de la saga.

Infinity War dépasse sérieusement les attentes. C'est la première fois que je peux dire cela d'un film que j'ai attendu depuis si longtemps. En principe, les attentes autour d'un film réduisent l'impact que celui-ci peut avoir, à moins qu'il surprenne par sa différence avec ce qui était annoncé. Avec ce film, le fait est que j'ai été en complète admiration devant la gestion incroyable de ce nombre gigantesque de personnages tout en restant cohérent et en justifiant l'implication de chacun dans l'histoire.

Les acteurs sont tous au rendez-vous. On ne peut néanmoins pas apprécier tous les personnages au même niveau puisque les temps de présence à l'écran ne sont pas égaux. En revanche, leurs interventions sont mesurées et utiles pour la plupart du temps.

La réalisation du film est très bonne dans l'ensemble. Les images sont belles malgré le fait qu'elles ne montrent que ce qui a besoin d'être montré alors qu'on se trouve dans un univers aussi riche que Marvel. Les seules nouveautés, aussi plaisantes soient-elles, sont Vormir et Nidavellir. On aurait pu par exemple mieux exploiter le paysage incroyablement futuriste du Wakanda au lieu d'utiliser une clairière comme lieu de guerre.

Les innovations présentées dans le film sont nombreuses et géniales. C'est peut-être la raison pour laquelle le film est si prenant. On peut citer par exemple la nouvelle armure constituée de nanotechnologies de Iron Man, le nouveau costume de Spider-Man (le Iron-Spider connu dans les comics), les nouveaux boucliers en vibranium de Captain America... Mais ce qui reste le plus intéressant et qui sert le mieux l'intrigue est le gant de l'infini. L'utilisation de chaque pierre est très justifiée et permet aussi d'avancer dans l'histoire.

Après l'antagoniste très charismatique que représentait Killmonger dans Black Panther, Thanos, lui a droit au film réunissant tous les personnages, certes, mais parlant de lui en premier lieu. On ne peut donc pas s'étonner que ce soit le personnage le plus développé du film et que ses motivations soient cohérentes avec son histoire. Sa présence à l'écran est imposante et on peut même éprouver une certaine empathie par moment, bien qu'elle ne peut que s'estomper tant ses desseins sont obscurs.

La conclusion du film est son principal atout. Elle est surprenante et laisse une sensation de désespoir que l'on avait jamais vue dans un film Marvel.

C'est donc un chef d'oeuvre, une prouesse cinématographique tant le défi était osé et tant le risque de déception était grand. Et pourtant...