I, Ultron ou Azimov en surplus + Skyfall au rabais + spoof Avengers 1 prise au sérieux = Avengers 2

Avengers avait brillé. Oui, "avait", et on attendait son retour. Et on attend toujours.


Avengers 2 est avant tout beaucoup trop long. C'est son premier défaut, pas le pire, car la longueur démesurée des films est un mal moderne (qui peut parfois être un art, lorsqu'elle est maîtrisée): Nolan s'est perdu dans un Dark Knight rises sans fin que lui-même n'a pas su faire autre qu'un méli-mélo d'excellentes idées se bousculant cherchant à former une unité filmique, Campbell et Mendès jouent au 007 le plus long laissant derrière eux les trois James Bond les plus longs de l'histoire de la franchise (Casino royale, Skyfall et Spectre battant un record de durée invaincu depuis 1969 avec Au Service secret de Sa Majesté), les exemples ne manquent guère ...
Et Avengers 2 ne fait pas exception avec ses 2h22 de film. Le problème est surtout que cette durée est mal maîtrisé. Certains passages à vélléité psychologique sont de trop dans un film qui se veut surtout épique et le film donne parfois l'impression d'un inachèvement frustrant: Hulk fugue une énième fois mais Dieu seul (c'est à dire Whedon) sait où, la mort d'Ultron donnée par Vision se fait en ellipse, le film s'achève sur sur Captain America entamant un discours dont on entend que le premier mot ... L'idée est sans doute d'accrocher le spectateur pour la suite mais tout cela n'en reste pas moins frustrant dans la façon de recevoir l'intrigue.


Avengers 2 pâtit aussi de sa comparaison avec le premier volet, premier du nom et peut-être seul qui eût dû être fait.
Soit trop semblable par sa fin en copié-collé, soit trop différent par son univers plus tiré d'Iron Man que de Thor. Soyons honnête, chaque héros a le droit de faire connaître un méchant de son univers aux autres héros, chacun son tour. Mais dans ce cas, l'univers d'Iron man ( qui, personnellement, ne cesse de me décevoir depuis le deuxième opus) est moins intéressant que celui des vers d'acier géants et de Loki, propres à Thor.
Le premier film n'impliquait pas l'obligation d'avoir vu les autres films solo des super-héros; le second rend ce visionnage essentiel à sa compréhension.


Ce qui fait la force de ce film, c'est indéniablement son cast & crew titanesque à l'image du panthéon marbré qui le souligne en fin de film, cela dit avec une esthétique intéressante.
Côté crew, Joss Whedon (réalisateur du premier Avengers) à la réalisation, Jon Favreau (réalisateur des deux premiers Iron man) et Stan Lee (créateur de l'univers Marvel) à la production et Danny Elfman (qui a aussi composé la musique de Batman comme de la plupart des films de Tim Burton).
Côté cast, outre les habitués, Robert Downey Jr (Sherlock Holmes), Chris Evans (Les Quatre fantastiques), Scarlett Johansson (Lucy), Mark Ruffalo (Et si c'était vrai?), Jeremy Renner (Mission: impossible), Chris Hemsworth (*La Cabane dans les boi*s), Cobie Smulders (Agents du SHIELD), Stellan Skarsgard (Insomnia, Thor) et Samuel L Jackson (Pulp Fiction), on retrouve des habitués des différents univers des différents super-héros comme Don Cheadle (Iron man 2), Idris Elba (Thor - en tant que 00 ... heu,non! Heimdall le dieu blanc), Hayley Atwell (la Peggy Carter de Captain America, Ant-man, Agents du Shield et de sa propre série Agent Carter précédée de son court-métrage).
Pour ceux et celles qui trouvent cela trop juste, on découvre face à eux James Spader (malheureusement célèbre pour Blacklist, lui qui fut l'excellent Daniel Jackson du film Stargate), Elisabeth Olsen (Godzilla), Aaron Taylor-Johnson (le parodique Kick-Ass est devenu grand), Andy Serkis ( plus proche du Haddock du Secret de la licorne que du Gollum du Seigneur des Anneaux), Thomas Kretchmann (le désormais célèbre Fegelein de La Chute en excellent Strucker, le méchant introductif du film) et Julie Delpy (Two days in Paris) en glaçante et sadique formatrice qui hante les souvenirs de Black Widow, et à leurs côtés Linda Cardellini (Scooby-Doo) en épouse de Hawkeye et Paul Bettany (Da Vinci code) dans le rôle de l'ante-Ultron tardif nommé Vision.
Un casting cyclopéen donc mais mal utilisé car il a pour conséquence une inflation de personnages ainsi qu'un manque de personnages pourtant attendus.


Une inflation de personnages comme ceux de Scarlett Witch et Quicksilver qui donnent l'impression - comme Hawkeye depuis son apparition dans les films Marvel - d'avoir été visuellement conçus avec les fonds de tiroirs, tant ils diffèrent des personnages originaux, cela s'expliquant par un soin de réalisme peu crédible dans un contexte si fantastique et science-fiction que celui des Avengers. une kyrielle de second rôles comme ceux de Madame B, Ulysses Klaue ou Paula Barton, que seul l'esprit de casting justifie. Cette impression d'inflation est renforcée encore avec l'arrivée en fin de film du personnage de Vision qu'on attendait plus. Mais elle est surtout sensible dans la sous-exploitation d'équipiers importants comme War-machine et Le Faucon, relégués à la soirée de beuverie et à une intervention en bataille finale pour l'un et le rassemblement épique de fin de film pour le second: ils tapissent.
Paradoxalement, il y a à la fois trop et pas assez de personnages. Quelle ironie de voir Rhodes et Hill s'étonner - comme les spectateurs - de l'absence de Jane (Nathalie Portman) et de Pepper (Gwyneth Paltrow)! Absence que Stark et Thor justifient comme ils peuvent, que l'Agent Hill explique de façon métaleptique comme le fait qu'Avengers est avant tout un concentré de testostérone, que le spectateur comprend comme une non participation des deux actrices les incarnant qui pose un problème non résolu. Par contre, les rêves insidieux de Scarlett viennent justifier les participations d'Atwell et Elba ...
Et, Banner n'ayant plus eu droit à sa Hulk's girl, Betty Ross (successivement Jennifer Connelly et Liv Tyler), on prend une femme présente pour boucher le trou laissé par cette absence: Black Widow. Ce qui laisse tous les spectateurs sur le carreau, se demandant à quel moment ils ont manqué cet aspect de l'histoire dans les phases 1 et 2. Une idée toutefois intéressante permettant au personnage de Scarlett Johansson de s'assimiler parmi les "monstres" dans tous les sens du terme de l'équipe des super-héros.
Idée intéressante qui permet de souligner une force inattendue du film: l'intrigue, si elle accorde une place trop mince à War-machine et Faucon, s'appesantit sur les personnages trop exclus de la phase 1 bien que toujours présents: Hawkeye, qu'on découvre en père de famille et bon mentor de super-héros et qui bénéficie d'une plus grande place dans l'action et Black Widow, dont on découvre le passé trouble de formation d'espionne russe redoutable. S'il est une véritable qualité de ce second volet, c'est celle d'avoir voulu apporter plus d'attention à ces personnages.


Le bât blesse non pas vraiment sur le casting - un casting de rêve faisant toujours tout accepter - mais sur les facilités scénaristiques de ce second opus.
Au lieu de L'Ere Ultron, le film devrait s'appeler I, Ultron, en référence au roman d'Azimov ou de son adaptation par Proyas. Car Ultron et sa menace ne sont qu'une reprise de ce lieu commun de la science-fiction de l'entité crée pour aider les humains qui se retourne contre eux puisqu'ils sont leur propre menace. Si Ultron est le plus retors, feignant de s'attaquer aux Avengers; si James Spader lui confère ce Verbe inquiétant qui en fait essentiellement un ennemi immatériel et omniprésent, accompagnant une entrée en scène ex-nihilo impressionnante; il n'en demeure pas moins que ce genre d'intrigue est couru.
Pas plus original, son objectif consistant à diviser ses adversaires pour mieux régner. C'est du vu et revu. Reconnaissons que cela permet du moins une extraordinaire confrontation


entre le géant vert Hulk et un Iron man perfectionné pour l'occasion et rendu surpuissant. Dommage que les autres inventions de Stark, Ultron et les robots de protection de scène introductive qui donne une impression de société totalitaire futuriste dont Stark serait le dictateur, gâchent le plaisir du film.


Rassurant et d'une simplicité affolante à la fois, les dei ex machinae des deux jumeaux terribles qui changent de camp en découvrant la nature réelle d'Ultron et le retour "inopiné" du Shield désavoué remis à neuf, porte-avion au poing.
Enfin, si l'on excepte la soirée entre super-héros digne des meilleures parodies geek faites autour de la saga - qui, d'ailleurs, ne manque pas de charme - il y a cette maison familiale de Hawkeye où les héros seront en sécurité face à un ennemi capable d'ubiquité, ne souffrant d'aucune frontière. Il y a dans ce choix scénaristique un tel plagiat de ce qui a déjà fait hurler certains critiques dans le retour au manoir familial de James Bond face à un ennemi tout aussi implacable dans Skyfall. C'est du Skyfall au rabais où Bond et Kincade s'entraînant au fusil sont remplacés par Iron man et Captain America qui coupent du bois.


Tout cela s'équilibre avec l'importance donnée à Hawkeye et Black Widow, la conception intéressante des rêves imposés par Scarlett Witch ainsi que le sempiternel caméo de Stan Lee qui


se saoule avec du nectar que lui donne Thor.


Un équilibre très fragile que la prochaine phase Marvel colmatera ou fragilisera davantage.




Après un nouveau visionnage dans un marvelathon, force est d'avouer que, si ce film est faiblard en analogie avec le premier Avengers et plusieurs volets sols du MCU, il n'en reste pas moins convenable. J'ajoute donc 1 point et passe de 5 à 6.

Frenhofer
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le 16 sept. 2015

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Frenhofer

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