le 15 avr. 2020
Conte du Tati russe
À l'aune de cet unique film vu pour l'instant, il est extrêmement tentant de voir en le cinéaste géorgien Otar Iosseliani une sorte de Tati de l'époque soviétique. À creuser, mais on peut d'ores et...
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À l'aune de cet unique film vu pour l'instant, il est extrêmement tentant de voir en le cinéaste géorgien Otar Iosseliani une sorte de Tati de l'époque soviétique. À creuser, mais on peut d'ores et déjà y trouver une ressemblance frappante dans cette dimension de cinéma muet dont les codes auraient été réactualisés ("Avril" est sorti en 1961 mais on lui donne plusieurs décades de plus !), avec une sonorisation aux petits oignons, très libre, et une unique séquence comportant des dialogues à l'occasion d'une engueulade du couple de protagonistes. Séquence dépourvue de sous-titres... selon la volonté du réalisateur : la dimension surréaliste s'en trouve accrue. Sauf que Iosseliani ne bénéficia pas en URSS du même accueil que Tati en France : il subira les foudres de la censure du régime communiste, jugeant que son œuvre exaltait un peu trop l'abstraction et le formalisme.
Pourtant, derrière cette forme relativement iconoclaste, on peut trouver à certains endroits un pamphlet anti-matérialisme qui se cristallise dans l'appartement des amoureux. Ils sont heureux en vivant dans une forme de dénuement volontaire symbolisé par leur appartement vide, mais cet espace de liberté sera soudainement envahi par une foultitude de meubles, tables, chaises, rangements divers et variés, c'est-à-dire autant de représentations de l'inutile. Mais l'approche revendiquée par Iosseliani se situe assez clairement du côté du conte, en privilégiant la fable gentillette plutôt que l'essai hargneux. L'abstraction chevillée au corps, une forme d'humour poétique se répand dans les rues, dans les appartements, et jusque dans les champs, où le seul arbre de la prairie finira découpé (par les bûcherons destructeurs, donc), symbole d'un mal ramifié de l'intérieur vers l'extérieur. La symbolique est à ce titre un peu grossière (c'est un conte après tout : si l'on adhère, cela ne doit pas gêner outre mesure), avec une manifestation un peu maladroite de l'entrave des relations humaines au travers de ces objets considérés comme inutiles. Tout allait bien, et subitement, rien ne va plus pour les deux tourtereaux.
La simplicité et la répétitivité ne trouvent pas un écho aussi constructif que du côté de chez Tati à mon sens, mais la curiosité, à plusieurs niveaux, reste intéressante.
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Créée
le 15 avr. 2020
Critique lue 178 fois
le 15 avr. 2020
À l'aune de cet unique film vu pour l'instant, il est extrêmement tentant de voir en le cinéaste géorgien Otar Iosseliani une sorte de Tati de l'époque soviétique. À creuser, mais on peut d'ores et...
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