[Critique et analyse] Avril et le monde truqué (Franck Ekinci et Christian Desmares, 2015)

Saviez-vous que Paris avait autrefois deux tours Eiffel, reliées entre elles ? Pour savoir pourquoi il n’y en a plus qu’une aujourd’hui, regardez « Avril et le monde truqué »… Plus sérieusement, j’ai visionné un film étonnant, durant qui plus est 1H45… Ce qui est long pour un film d’animation où l’action est presque toujours présente. Un tel film a dû prendre à l’équipe plusieurs années afin de le réaliser.


Dans la famille d’Avril, on est tous scientifiques savants. Son arrière grand-père, faisant des expériences sur des animaux sauvages pour le compte de l’Empire français, disparait, les animaux aux drôles de pouvoirs ayant eu le temps de s’enfuir avant l’explosion de son laboratoire. Par la suite, privant la société des progrès scientifiques majeurs jusqu’à l’aube des années 1940, les meilleurs savants sont enlevés et pendant 70 ans, nul ne sait où ils ont pu disparaitre…


Avril grandit donc dans un orphelinat, pensant avoir perdu ses parents. Ne lui reste dans ce monde froid et dur que son seul ami, son chat parlant Darwin. Devenue jeune adulte, Avril s’est construite seule, étant malgré elle solitaire, indépendante et méfiante, devant vivre cachée car on la recherche, du surtout son grand-père, recherché par le revanchard Pisoni. La solitude étant tout de même dure à vivre pour n’importe quel mortel, Avril va sans le vouloir, rencontrer l’amour en la personne de Julius. Mais est-il lui aussi digne de confiance ?


Avril vit comme elle le peut, sans montrer d’émotions, en se débrouillant seule au moment où tout un chacun a besoin de la chaleur et de l’amour d’un foyer pour se construire. La seule fois où elle semble perdre pied et prendre un visage « humain », c’est lorsqu’elle pense perdre son seul compagnon, son chat Darwin, le seul qui la relie encore en la vie…


C’est seulement lorsqu’elle retrouvera son grand-père, qu’elle commencera à baisser ainsi la garde avec Julius et l’espoir de tisser des liens de nouveau.


Les créatures enfuies du laboratoire de l’arrière grand-père d’Avril sont des varans qui parlent, ayant crée un monde parallèle futuriste en ayant réuni les scientifiques enlevés, persuadés selon eux de servir la cause en devant recréer le sérum capable de créer l’invulnérabilité, mais aussi la vie sur d’autres planètes. Mais si Chimène, le varan femelle veut faire le bien, il n’en est pas de même pour Rodrigue, son mâle, qui est prêt à tout pour « régner », reproche aux humains ce qu’il finira lui-même par faire : faire la guerre, faire régner la terreur, encore et toujours…
« Avril et le monde truqué » est donc aussi un film de science-fiction avec ce monde parallèle futuriste, tranche étrangement avec le monde de 1941 visible à Paris où le progrès n’a pas évolué puisque tous les savants sont réunis en un seul et même endroit.


« Avril et le monde truqué » est un film complexe, traitant de beaucoup de sujets (science, inventions, guerre, stupidité et avidité humaine, progrès, mais aussi complexité des rapports humains, poids de l’héritage familial…) où tout s’enchaine sans temps mort. Parfois très noir et dur (c’est du moins ainsi que je l’ai perçu), ce n’est pas vraiment un film à conseiller à un très jeune public. Un scénario bien trouvé, un film d’animation qui change un peu, qui montre les choses de la vie telle qu’elles sont, et donc, pas toujours roses.


Mon analyse complète du film sur mon blog: reves-animes.com

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le 28 janv. 2020

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