Portrait sans fard de la Chine d’aujourd’hui…

Ayi (2019) lève le voile sur le quotidien d’une femme de 50ans qui a quitté sa province rurale à l’est de la Chine pour la cité grouillante de Shanghai. Cela fait près de 20ans qu’elle y cuisine, non pas dans un restaurant, mais dans la rue, en trainant à bout de bras son stand ambulant, une sorte de chariot sur lequel elle fait frire ses nouilles sautées. Cela a beau faire deux décennies qu’elle arpente les rues de Shanghai, Ayi n’en reste pas moins une travailleuse illégale (elle n’a pas le permis de résident qui lui permettrait de travailler légalement et par conséquence, sereinement).

Les réalisatrices Aël Thery & Marine Ottogalli l’ont suivi dans son quotidien, une vie de misère où elle doit constamment jouer à cache-cache avec les Chengguan (sorte de police municipale rattachée au Bureau de l'administration des affaires urbaines). Comme bien souvent en Chine, les pauvres sont relégués au second plan, on les cache, les autorités ne leur concèdent que très peu de droit, ces derniers doivent se battre chaque jour pour pouvoir parvenir à subvenir à leurs besoins.

Elle et ses consœurs subissent le même sort, ne pas se faire surprendre par les Chengguan au risque de se faire arrêter ou confisquer le matériel. Cette traque qui ne dit pas son nom est pourtant très claire, elle vise à expulser une population non désirée au cœur d’un quartier qui cherche à se réinventer (voué à une destruction imminente). Cette mégalopole détruit ses quartiers traditionnels tout en visant à éradiquer une certaine forme de population.

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