Samal Yesliyamova a obtenu le prix d'interprétation féminine à Cannes, en mai dernier, pour son rôle dans Ayka. Sans doute est-ce pour sa constance dans les gros plans du film la montrant hagarde devant toutes les avanies qui lui tombent dessus. Ce n'est pas pour diminuer son talent éventuel mais il n'y a guère de changements requis dans son jeu vu la permanence de la tonalité dramatique d'Ayka. Sergey Dvortsevoy, cinéaste russe d'origine kazakhe, repéré il y a 10 ans avec le magnifique Tulpan, nous raconte dans son dernier film l'existence d'une émigrée d'Asie Centrale à Moscou et il est évident qu'il est très documenté sur la question mais cela n'excuse pas un excès de tragique avec son héroïne accablée par le sort et dont il est douteux qu'elle puisse exprimer le moindre espoir quand à son avenir, plus bouché qu'un ciel d'hiver dans la capitale russe. Triste récit que le cinéaste filme à l'épaule comme pour rendre hommage à un certain "réalisme" tel que pratiqué par des frères belges bien connus de la Croisette. Peu de psychologie dans Ayka, nulle digression vers d'autres personnages, le film ne quitte pas un seul instant cette femme aux allures de suppliciée. Une fois encore, ce n'est pas la thématique de l'esclavage moderne que l'on regrette mais bien cette accumulation ininterrompue d'humiliations qui non seulement alourdissent le propos du film mais qui surtout ne suscitent presque aucune émotion, ce qui est tout de même le comble.

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le 18 janv. 2019

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