Rien de tel que de faire les choses en famille parfois, la preuve : vous (Shintaro Katsu) prenez votre grand frère (Tomisaburo Wakayama), vous le produisez dans un film réalisé par un pote de boulot (Kenji Misumi), et puis tant qu’à faire puisque c’est une adaptation de manga, vous prenez l’auteur original pour signer le scénario (Koike Kazuo).

Voilà. C’est parti pour 6 films —période 70’s— et l’une des sagas les plus emblématiques du genre, surtout que la tendance à l’époque est de plus en plus au sanguinolent giclant, alors autant y aller avec style.

J’avoue qu’il m’a fallu un petit moment avant me détacher du souvenir que Shogun Assassin m’avait laissé. Ici pas de nappes de synthé, pas de voix off judicieuse, et surtout, une histoire non condensée qu’il faut laisser se dévoiler à un rythme différent.

Au contraire, le récit, lisible dès un pré générique explicatif des plus appétissants, s’appuie plus sur une mise en scène limpide qu’un montage elliptique nerveux ; instaurant au demeurant une ambiance pesante collant fortuitement avec la lourdeur de la voie choisie par Ogami, la voie du démon, l’enfer parsemée de dangers et d’âmes corrompues.

Misumi surprend par les silences imposés à ses rixes de sabre dont ne subsistent quasiment que les frottements de lames. Les échanges en eux mêmes sont assez délectables, et ce grâce aux aptitudes de Wakayama dont la gestuelle ciselée et précise contraste avec un physique d’ours des montagnes ébouriffé.

Comme quoi, même avec un mioche aux basques, un caddie, et les dessous de bras qui collent, il suffit d’un peu de charisme pour niquer des gonzesses.

On retiendra quelques décors (les montagnes, la chapelle sous la pluie, le village) et une caméra libre typique de Misumi, et certaines scènes resteront en mémoire pour leur beauté formelle (le duel au soleil couchant, la scène avec la geisha). Cependant côté notation je préfère en garder sous le coude histoire de voir ce que me réserve la suite. On sent effectivement —surtout si l’on a vu le montage de Houston, que la saga a encore pas mal de choses à dévoiler, notamment question sabre dont les scènes présentes dans ce premier opus laissent, malgré leur qualité, un léger goût de trop peu.

Mais au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, j’aime les histoires de vengeance, alors il en faut plus pour me refroidir.
real_folk_blues

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