[Critique contenant des spoilers]


Je ne suis pas toujours d’accord avec Eric Neuhoff – et quand il se met à écrire sur le cinéma français je soupire, de consternation. Mais quand il éructe en substance : « il faut interdire les films qui nous disent à la fin ‘tout ça c’était pas vrai’, c’est vraiment trop facile ce truc-là », j’approuve. Babycall en est un exemple caricatural.


Qui est ce copain de l’école qui ne parle pas mais ressemble à Anders ? Au bout du bois, finalement, est-ce un lac ou un parking ? On sonne à la porte, c’est le copain (on ne sait pas comment il est entré, avec la chaîne tirée) mais il se fait passer pour Anders. Finalement, Anders a des traces de coup sur le corps, mais ça ne fait pas mal parce que ce n’est pas lui… Le copain Helge affirme avoir vu Anna mais elle n’en a aucun souvenir… D’ailleurs, il ne voit jamais Anders (il est parti se coucher quand Helge arrive, ses fleurs à la main)…


Le spectateur se creuse le ciboulot. Pour rien. Car la révélation finale, c’est que tout se passait dans la tête d’Anna. Anders, en effet, était déjà mort depuis deux ans. Donc tout ce qu’on a vu était issu d’un cerveau malade. Enfin, non pas tout, à chaque fois qu’Anders était là ou bien qu’il en était question : toutes les scènes dans l’appartement, les scènes à l’école, mais aussi toutes les scènes avec les agents de la DDASS. Ce qui fait beaucoup, quand même. Restent les scènes en tête à tête avec Helge, les seules réelles donc ?


Quand on met en œuvre une intrigue aussi compliquée, la chute doit être à la hauteur, sous peine d’agacer fortement le spectateur, façon Neuhoff. C’est exactement ce qui se produit ici. Pour ne rien arranger, Pål Sletaune encombre son histoire de trucs inutiles (et qui, de surcroît, sont de vrais poncifs cinématographiques) : la mère de Helge qui se meurt et qu’on finit par débrancher, le type de la DDASS qui s’essaie à un harcèlement sexuel. J’oubliais les ciseaux pour tuer, pâle et lointaine référence à Hitchcock. N’en jetez plus, la coupe est pleine depuis longtemps.


Un seul point positif : Noomi Rapace, actrice assez captivante à suivre. Le reste du casting n’est pas à la hauteur : tant qu’à prendre un gamin, pourquoi le choisir balourd et inexpressif ? Tant qu’à faire intervenir un amoureux, pourquoi le choisir fadasse comme ce Kristoffer Joner ? Vraiment, Rapace n’a pas sa place dans cette impasse. Un ratage qui a pourtant obtenu des prix. C’est finalement ça le plus intrigant.


5,5

Jduvi
5
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le 6 janv. 2022

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Jduvi

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