Damien Chazelle a beau être un excellent réalisateur doublé d’un chef d’orchestre audacieux, s’attaquer à Hollywood période des années folles n’est pas chose aisée.

Effectivement le sujet a déjà été rebattu maintes fois et il est aussi hautement inflammable que la pellicule 35mm. De plus, à trop regarder dans la mise en abyme, il est aisé de tomber au fond.

« Babylon » s’attaque au mythe par la face Sud, celle des excès et des soirées décadentes où il en faut toujours plus. Au cinéma comme pour la drogue, si elle est bonne, rien ne vaudra jamais la première prise. Toute autre tentative sera vaine (ou veine c’est selon).

Si vous êtes excité à l’idée d’aller voir le film, vous allez le voir dans le bon état d’esprit, c’est parti pour des heures de montagnes Russes, entre boost énergisant de la cocaïne et énorme gueule de bois du lendemain, le film secoue fortement.

Margot Robbie est une pile qui semble ne jamais pouvoir se décharger, Brad Pitt est un puit d’alcool sans fond, tous deux brillent dans le désert de LA qui est en train de se développer et qui deviendra la mégalopole que l’on connait. Si la ville pousse comme un champignon hallucinogène, ça sera au prix de considérables dégâts humains.

Damien examine la naissance d'une forme d'art, doublée d'une industrie prête à tout pour toucher la plus large audience. Ce qui frappe le plus est le contraste entre le chaos sonore qui entoure la réalisation des films muets et le silence absolu des premiers films parlants.

Ce virement majeur, comme ceux qui surviendront ensuite, laissent pas mal d’acteurs sur le carreau.

Damien livre un hommage sans flatterie qui en dit beaucoup plus que le burlesque affiché, même s’il y a fort à parier que la plupart des spectateurs ne retiendrons que la surenchère de cette fresque aussi flamboyante que démesurée.

L’usine à rêve qui procure un bonheur assez unique aux spectateurs comporte un revers à la médaille et il n’est pas du tout glamour. Le septième art sait tirer le meilleur du pire et finalement, il a la capacité de survivre à ceux qui le produise même après être passé de la grandeur à la décadence.

ATHMOS
7
Écrit par

Créée

le 1 févr. 2023

Critique lue 27 fois

ATHMOS

Écrit par

Critique lue 27 fois

D'autres avis sur Babylon

Babylon
Sergent_Pepper
8

Door to the pictures

La sempiternelle question de la mort du cinéma semble avoir pris du galon ces dernières années, entre essor des plates-formes, fermeture des salles sous pandémie et difficultés de la reprise. Elle...

le 18 janv. 2023

247 j'aime

19

Babylon
JorikVesperhaven
5

Boursouflure hollywoodienne dégénérée.

Beaucoup de grands artistes ont leur film malade voire maudit. Une grande fresque pleine d’ambition dont le résultat n’est pas mauvais mais boiteux et souvent trop hermétique hormis pour celui à...

le 12 janv. 2023

145 j'aime

3

Babylon
Eren
10

Mille & une cuites

On le sait depuis quelques jours, le film de Chazelle a fait un gros bide pour son entrée au cinéma. Je ne vais pas m’étaler sur la question du pourquoi et du comment de ce bide, même si cela a...

Par

le 6 janv. 2023

124 j'aime

25

Du même critique

Empire of Light
ATHMOS
7

Les illusions retrouvées.

Cette année, plus que jamais, le cinéma fait son introspection. Après le turbulent « Babylon », l’intime «The Fabelmans », désormais nos écrans diffusent le bien nommé « Empire of Light ».Cette...

le 2 mars 2023

12 j'aime

Vesper Chronicles
ATHMOS
7

Cronenberg rencontre Dark Crystal !

Il est à craindre que Vesper Chronicles ne va pas trouver son public. Entre passages un peu trop crus pour les enfants et un rythme lent qui risque de peiner les adultes, cette dystopie vaut pourtant...

le 18 août 2022

11 j'aime

2

La Vie scolaire
ATHMOS
9

Le zeste des ZEP, ça pique les yeux mais ça fait rire !

Commencer une critique de film en racontant une anecdote personnelle peut sembler étrange mais croyez-moi, cela fait sens. Dans les années 90, j’ai effectué mon service militaire en tant que pion...

le 27 août 2019

11 j'aime