Quelques années après l'autobiographique et rafraichissant La Femme de mon frère, l'autrice Monia Chokri revient avec comédie québécoise qui se place dans une réflexion satirique assez complexe sur le rapport de personnages variés au féminisme et sa place grandissante dans les cerveaux occidentaux. Un film clairement plus audacieux et inconfortable que son premier.
On y retrouve pourtant déjà des éléments stylistiques très marqués comme ce goût pour les décors chinés en brocante, un rythme de montage frénétique, notamment dans les dialogues qui virent au burlesque ou dans la multitude d'éléments et d'effets visuels purement pop. Pour autant, les parti-pris de mise en scène sont quasiment toujours justifiés et pertinents.
Jouant plutôt sur un rire jaune ou sarcastique que sur du gag malgré les grimaces de l'hilarant Patrick Hivon, Babysitter se distingue vraiment par l'approche de son sujet qui est vraiment inattendue, complexe et riche. Le film a la bonne idée de verser progressivement dans un délire fantastique très bien dosé et vraiment bien utilisé.
Ce mélange de satire, de film de genre et d'une réalisation aventureuse lui donnent des qualités proches de la série Atlanta de Donald Glover, dont elle est un équivalent féministe bourgeois. Un film étonnant et très recommandé mais s'il on d'avance qu'il en laissera beaucoup sur le côté.