Après La French, le réalisateur Cédric Jimenez continue de dépeindre la lutte contre la drogue à Marseille avec Bac Nord, dans lequel on suit un trio de la Bac préparant une opération d’envergure dans une cité des quartiers nord de la ville, ainsi que ses conséquences.
Si vous pensez que les films français sont mous, intellos, mal filmés, Bac Nord va mettre à mal vos préjugés. L’action commence sans attendre et se montre instantanément efficace et met parfaitement en place toutes les problématiques qui seront traitées par le film : la violence des cités marseillaises, les difficultés que la police doit surmonter pour la combattre, et la complicité du trio que seul l’égo et la testostérone mettra à mal. Et si l’absence absolument totale de subtilité du film reste un soucis (tout est gros, mais vraiment très gros), sa capacité à tout exposer de la manière la plus directe, la plus brute possible, favorise grandement l’immersion du spectateur, jusqu’à nous faire frémir lors de la grande scène de tension du film, et nous mettre hors de nous dans son final.
Rien est inutile dans Bac Nord. Durant chacune des rencontres entre le trio de la Bac et les dealers qu’ils combattent, la tension est palpable, le ton monte, un mot ou un geste déplacé et la situation peut finir en bain de sang. Jamais durant ces “petites“ altercations on ne se sent serein pour les personnages. La caméra reste toujours au plus près des acteurs, coupant toute possibilité de fuite. Aucune musique, juste des cris, des insultes, des menaces, l’escalade de la violence semble être la seule solution. Sur ce point, la mise en scène est irréprochable et nous fait d’autant plus redouter le moment de l’assaut contre la cité marseillaise, une scène anxiogène comme rarement, variant ingénieusement les situations pour ne pas devenir lassante malgré sa longueur. On a peur pour le trio de la Bac du début à la fin, sans aucun moment de répits.
On s’est effectivement attaché à ces personnages. Ces derniers peuvent pourtant se montrer assez antipathiques par moment, notamment parce qu’ils ont l’air de penser qu’aucun conflit ne peut se régler sans insultes ou de tartes dans la gueule (même entre eux). Et malgré quelques scènes d’humour et de complicités assez feel-good, c’est surtout le jeu d’acteur de Gilles Lelouche, Karim Leklou et François Civil qui va remonter leur capital sympathie. Les acteurs donnent vie au trio et à sa dynamique sans aucunes fausses notes, rendant ces personnages, assez clichés et grossiers au premier abord, bien plus humains et attachants.
Malgré tout l’absence de subtilité du film se fera ressentir encore une fois dans le dernier acte. Car malgré tous les efforts des trois acteurs, ces personnages restent encore bien trop caricaturaux et il est donc difficile de se sentir totalement ému par l’injustice de leur sort. Frustré, en colère, oui. Touché, non pas totalement.