J’ai dû voir Balto chien-loup, héros des neiges (1995) une fois quand j’étais petite mais comme je n’en avais gardé aucun souvenir, je l’ai redécouvert dernièrement et j’ai adoré ! C’est un film d’animation américain qui se base sur une histoire vraie, l’épidémie de diphtérie qui sévit en 1925 sur la ville de Nome, en Alaska. Pour la combattre, une course au sérum fut organisée pour transporter le vaccin de la ville de Nenana jusqu’à Nome, course qui comprit le chien de traineau de race husky sibérien Balto.

Mais dans le film, le célèbre chien d’attelage n’est non pas un husky sibérien mais un chien-loup et je trouve ce changement habile. En effet, dès le début, on voit que notre héros est ostracisé par les chiens et les humains du fait de son métissage et ça rend sa participation à la course au sérum d’autant plus symbolique ; ça marque pour lui une transformation au terme de laquelle il apprendra à faire de sa différence une force, et ça c’est un bon message à transmettre aux enfants notamment.

Le film s’ouvre sur une scène en images réelles, au cœur de Central Park (New York), où une grand-mère (jouée par Mme Chourave, pardon, Miriam Margolyes) et sa petite-fille, accompagnées par leur chien, cherchent un certain mémorial. Bientôt, la grand-mère se met à raconter l’histoire de Balto, et c’est là que l’on bascule dans le dessin animé. Et une chose est sûre, il débute sur les chapeaux de roues, tandis que deux traineaux se disputent une course effrénée en Alaska. A la tête d’une des équipes, on découvre celui qui sera l’antagoniste de l’histoire, un fier husky sibérien du nom de Steele (homophone de « steel » qui signifie « acier » en anglais). Cruel et arrogant, il fait un Gaston (La Belle et la Bête, 1991) canin assez efficace. De plus, il dispose d’un doubleur (Jim Cummings) à la voix sexy qui rend parfaitement son côté baratineur.

Alors que les traineaux s’approchent de la ville de Nome, nous faisons la connaissance de Balto (joliment doublé par Kevin Bacon qui ne s’essaiera plus au doublage après et c’est dommage), qui est donc un chien-loup rejeté de tous et qui habite dans une épave de bateau en compagnie d’un jars russe nommé Boris. Et Dieu merci, ce volatile n’est pas aussi pénible que je le pressentais ! Parce que qui dit film d’animation dit personnage(s) de soutien gaguesque(s) chiant(s) et je n’étais pas prête à supporter ça. Heureusement, ce jars a un minimum de jugeotte, contrairement aux deux ours polaires qu’il a adopté, ou plutôt qui l’ont adopté en tant qu’ « oncle », et qui s’appellent Muk et Luk. Clairement, c’est le genre de personnages cons qui me fatiguent. Quoi, on est censés trouver drôle le contraste entre ce jars et ces ours, rire au fait que ces balourds pensent ne pas savoir nager (ironie !) alors que si ? Non, c’est pathétique ! Mais leurs interventions n’altèrent pas trop le ton et le rythme du film donc on va dire qu’ils passent.

Enfin, alors que l’attelage de Steele s’apprête à franchir la ligne d’arrivée sous les ovations des villageois, Balto s’élance sur la piste pour récupérer le bonnet de la petite Rosy, doublant Steele au passage. Alors qu’il lui rend, il croise le regard de sa ravissante chienne, Jenna, et bien sûr, c’est le coup de foudre. Doublée par Bridget Fonda (qui aurait pu donner plus de voix à mon goût), cette chienne au pelage rouge foncé exulte une douceur et un côté précieux qui la font ressembler à Lady dans La Belle et le Clochard (1955). La seule chose qui l’en différencie est la scène de combat où elle apparaît et qui donne à voir la force de son amour pour Balto. Cette scène montre qu’elle peut être plus qu’un simple love interest/trophée. Aussi, je dirais que sa romance avec notre chien-loup, qui ressemble quant à lui au Clochard (Ibid.), est correctement développée. Ils sont choux ensemble. J’ai particulièrement aimé le passage où elle se blottit sur lui pour le réchauffer après qu’il est tombé dans un lac glacé, c’est super romantiiique ! Hum, mais parlons du reste.

La dynamique autour des trois chiens principaux est franchement bien fichue : Steele persiste à séduire Jenna qui le rejette, lui préférant Balto qui, lui, est sans cesse brimé par Steele du fait de son métissage. Vraiment, bien fichue.

L’atmosphère change du tout au tout quand plusieurs villageois, y compris Rosy, tombent malades de la diphtérie. Dès lors, tout s’accélère ; le médecin de la ville annonce qu’il est à cours de sérum pour guérir la petite fille et les autres ; il est donc décidé qu’un traîneau ira chercher le vaccin dans la ville de Nenana. Voulant aider, Balto concoure à la course de sélection des chiens de l’attelage, la remporte, mais fait face aux rejets de Steele et du conducteur. Et là, je me permets de réagir sur une chose : Balto entend participer à la course au sérum alors que, de ce que l’on déduit de son statut de marginal, rien ne le prédispose à savoir tirer un traîneau aussi bien qu’un chien dressé. Je veux dire, c’est un peu présomptueux de sa part d’y aspirer, même si, d’un autre côté, ça prouve qu’il est généreux et intrépide. Et le fait qu’il ait dépassé Steele pour récupérer un bonnet plus tôt ne prouve en rien son habilité à exécuter une telle mission. Il y a une différence entre courir quelques mètres et être capable de parcourir 1600 km (distance réelle entre Nenana et Nome) sous un froid glacial quand même. Raison pour laquelle je trouve surprenante (et forcée) la réaction du conducteur du traineau au début, quand il dit que Steele a perdu de son mordant alors que celui-ci vient de lui faire gagner une course. Ça sort de nulle part et c’est incohérent avec la situation.

Enfin, Balto est laissé sur le banc de touche, tandis que Steele et son équipe partent pour Nenana. Sauf que sur le chemin du retour, ils se perdent à cause d’une tempête de neige. L’information parvient au village et notre héros décide d’aller les retrouver. Accompagné dans un premier temps par Boris, Muk et Luk, puis rejoint par sa dulcinée, il achèvera finalement le voyage seul. C’est à partir de là que la tension du film monte crescendo. Notre héros, réalisant peu à peu les avantages de sa différence, finit par rejoindre les chiens perdus, mais Steele, refusant de se faire aider par fierté, manque de le tuer. Bien décidé à récupérer le sérum, Balto se relève, l’envoie dans le décor, et prend finalement le commandement de l’attelage. Mais rien n’est joué car plein de dangers les attendent. Et autant dire que ce ne sont pas des petits dangers de rien du tout. Sérieusement, le nombre de fois que le conducteur et les chiens auraient dû mourir, c’est hallucinant (attaque d’ours, noyade, chutes sur plusieurs mètres, avalanche, pluie de stalactites, etc.) ! A ce stade, ce n’est plus de la malchance, c’est un mauvais sort jeté par le Diable ! Et vous espérez me faire avaler que la cargaison arrive indemne après avoir subi secousses sur secousses ? Mon cul !

Bref, tout rentre dans l’ordre. Les malades sont sauvés. Steele, que Balto a eu la bonté de laisser en vie et qui a retrouvé le chemin de la ville de son côté, perd sa communauté de groupies une fois ses mensonges dévoilés. Jenna et Balto se retrouvent pour ne former qu’un. Tout est bien qui finit bien. Mais ce n’est pas tout à fait fini, car on rebascule en prises de vue réelles dans Central Park où la dame et sa petite-fille ont finalement trouvé ce qu’elles cherchaient : la statue de Balto. Alors que la petite s’éloigne pour jouer, la dame remercie encore Balto pour son héroïsme, laissant comprendre qu’elle est Rosy. La statut du célèbre chien scelle alors le dernier plan du film. Et voilà !

J’ajouterais, par ailleurs, que les dessins sont très beaux. Idem concernant la musique composée par James Horner. Elle confère toute sa superbe au film, notamment lors des scènes d’action.

Clairement, Balto a le souffle de l’émotion. Je n’ai pas décroché un seul instant. Même s’il ne fait aucun doute que l’histoire qui se cache derrière le film a été romantisée pour convenir aux plus jeunes spectateurs, ça ne nuit en rien à ce qu’on en tire. C’est beau en tout point. Et ces chiens furent de vrais héros. Balto fut un héros ! Ainsi, je donne à ce film la note de 9/10.

MalaurieR
9
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le 21 juil. 2023

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