A bout de souffle !

En 1964, Jean-Luc Godard réalisait encore des films accessibles sur le plan scénaristique. Ce qui ne les empêche nullement d'être aussi chiant que les autres. Même sur une intrigue aussi banale que celle d'un film noir à la française, avec un trio d'acteurs assez attirant, le réalisateur ne manque pas d'être lui-même.

Il faut bien dire que l'intrigue principale en elle-même (c'est-à-dire le cambriolage, sa préparation, ses conséquences !) ne donne pas de quoi tenir très longtemps. Si l'ensemble ne s'était focalisé que sur cela, on aurait eu un moyen-métrage.

Mais le film n'est pas chiant à cause des à-côtés, enfin, pas uniquement. Il y a des scènes chiantes parmi ces derniers, à l'instar de l'interminable cours d'anglais ou du trajet en métro. Mais il y a du bon dans ces à-côtés. D'ailleurs les deux meilleures scènes, à dire vrai les deux seules intéressantes, en font partie. Ce sont des éclairs de flamboyance dans un truc terne. Je veux parler évidemment de la danse à trois dans un restaurant, pleine de grâce parce que la sublime Anna Karina est véritablement à croquer avec son pull sombre, sa jupe tweed et le chapeau de Samy Frey, et je veux parler évidemment aussi de la fameuse visite express du musée du Louvre.

Pour en revenir au cambriolage et tout ce qui tourne directement autour, c'est mis en scène d'une manière trop expéditive, sans suspense, sans tension, mal joué. Je me suis emmerdé tout autant en regardant ces parties directement liées à l'action principale que devant le reste. Sans parler que l'on doit supporter la voix-off laborieuse de Jean-Luc lui-même, qui se la pète en disant, ou en suggérant plutôt, ô combien sa narration est trop géniale. Quitte à être ennuyeux, autant être aussi vaniteux... Oh, la jolie rime...