Peu attirée par l'univers rose bonbon des célèbres poupées, il aura fallu son interdiction dans plusieurs pays, et plus dernièrement l’annulation de sa diffusion dans la ville de Noisy-le-Sec, pour que je me décide à regarder ce film qui déclenche tant de polémiques. Manifeste féministe pour les uns, promotion de l'homosexualité pour les autres, dévalorisation de l’image de la femme ou a contrario de celle de l’homme, symbole du female gaze… a priori chacun y trouve matière à batailler. Et c’est quand même assez révélateur du niveau des débats sociétaux actuels... Pour revenir au film, si l’idée d’inverser les rôles pour dénoncer le patriarcat est assez amusante et peut sembler libératrice, force est de constater que cela ne fait que reprendre le vocabulaire et la grammaire de la guerre des sexes et corroborer des logiques de domination. Quant au tour de passe-passe consistant à faire de Barbie une femme libérée en partant du postulat que le travail rémunéré était un lieu d’épanouissement et de réussite personnelle cela prête quand même à rire quand on connait la réalité hétéronome et aliénante du monde du travail et la double exploitation dont les femmes sont actuellement majoritairement victimes. Pour finir cette Barbie stéréotypée qui devient à la fin de l'histoire une vraie femme en acquérant un vagin a de quoi interroger sur le message LGBTQIA+ paraitrait-il véhiculé. En trois mots, j'ai peut-être été séduite par l’originalité de la proposition esthétique et l'humour en fond d'écran mais beaucoup moins par la pensée caricaturale et conventionnelle véhiculée. Mais on est au pays de Barbie. Et qui plus est sur un produit estampillé Mattel. Fallait-il s’attendre à mieux ?