On a beau adorer ses choix éclectiques de comédienne, voir Brie Larson à l'affiche d'une comédie musicale en Inde basée sur une histoire de culture de riz transgénique relève de l'inattendu !
D'ailleurs, avant même d'être une curiosité en soi, la sortie de "Basmati Blues" est déjà digne d'un véritable chemin de croix. Tourné en grande partie en 2013, le film a failli sombrer dans les oubliettes avant de ressuciter miraculeusement (on imagine que l'Oscar reçu entre-temps par son actrice n'y est pas étranger) pour enfin être visible cinq ans plus tard. Mais, nouveau malheur, sa bande-annonce est à peine visible qu'un déferlement négatif se déchaîne à l'international sur le film. Accusé d'être raciste, de s'approprier et détourner toute une culture ou encore de faire de son héroïne une figure de sauveuse occidentale au milieu d'une population indienne présentée comme arriérée, "Basmati Blues" était déjà condamné à un joli flop avant même que le public ne le découvre. À sa sortie, une majorité de critiques ira aussi (un peu trop facilement) dans ce sens, enterrant de fait toute espérance de succès de ce premier long-métrage de Dan Baron.


Scientifique ayant inventé une variété de riz très résistante pour une multinationale, Linda est chargée d'aller en faire la promotion auprès des agriculteurs indiens. Là-bas, elle fait la connaissance de Rajit, un étudiant en difficulté financière et contraint de retourner travailler avec ses parents...


Mieux vaut évacuer d'emblée sa sulfureuse et nauséabonde réputation, "Basmati Blues" s'inscrit en réalité dans une idée de l'Inde complètement fantasmée, alignant tous les clichés possibles de l'imaginaire collectif lorsque le nom de ce pays est évoqué. Ce n'est donc une approche ni réaliste, ni raciste (cela reviendrait à s'offusquer de l'image du Français avec son béret et sa baguette de pain) mais bel et bien de carte postale, elle correspond simplement à tout ce qu'un pan d'oeuvres en tout genre (provenant aussi du cinéma bollywoodien lui-même) a contribué à forger comme image simpliste d'un pays qui permet à notre inconscient de l'identifier immédiatement.
Certains n'ont pas apprécié de voir Brie Larson en messie blanche au secours de l'Inde, dommage pour eux car il n'en est rien. Son personnage est en fait la façade polie et séduisante de la multinationale aux intentions très louches pour laquelle elle travaille mais elle n'en a aucunement conscience, convaincue des seuls bienfaits de sa découverte, et ce sera avant tout Rajit (Utkarsh Ambudkar) pour qui a elle a des sentiments qui parviendra à lui ouvrir les yeux sur les véritables intentions de ses dirigeants. Leur collaboration, aidée de la population d'agriculteurs indiens, sera la clé de la réussite pour contrecarrer les plans de l'entreprise cupide, on est donc bien loin des jugements hâtifs et biaisés dûs à l'interprétation de quelques images d'une bande-annonce...
Bon, pour être tout à fait honnête, "Basmati Blues" ne fait dans la grande subtilité non plus, surtout dans son message de fraternité humaine qui tente de prendre le dessus dans ses derniers instants, mais la faute en revient surtout au fait que le film s'englue trop souvent dans les stéréotypes du genre auquel il appartient.


En effet, pour en revenir au long-métrage en tant que tel, "Basmati Blues" est avant toute chose une comédie musicale basique et totalement inconséquente. Le scénario tenant sur un timbre poste (on pourrait sérieusement résumer l'ensemble en trois lignes) et où gravitent des personnages caricaturaux au possible (de Donald Sutherland en roue-libre au prétendant corrompu, c'est un festival !) est un prétexte à des numéros musicaux insignifiants (n'existant la plupart du temps que grâce à la beauté des décors) et fruit d'une rencontre très hasardeuse entre de la pop aux sonorités country et le paysage musical indien. Si trahison culturelle dans "Basmati Blues" il y a, c'est peut-être là, le seul véritable numéro complètement bollywoodien interviendra dans les dernières minutes du film et, auparavant, rares seront les chansons qui pourront prétendre rester en tête pour être fredonnées postérieurement au film (jamais un bon signe pour une comédie musicale).


Heureusement, couplée à l'effet irrésistible d'un dépaysement remplie de couleurs, la belle énergie communicative déployée par Brie Larson, Utkarsh Ambudkar et l'ensemble des comédiens parviendra toujours à nous donner un semblant de sourire continu durant la totalité du visionnage. Tout le monde a tellement l'air de s'éclater dans ce film sorti d'un monde figé et anachronique qu'il est bien difficile de ne pas y succomber. Alors, oui, "Basmati Blues" est parfaitement oubliable de sa première à sa dernière minute, impossible de l'ignorer, mais il est aussi loin d'être désagréable. Et si le film parvient à vous embarquer avec lui dans sa bonne humeur, le joli brin de voix de Brie Larson devrait faire le reste...

RedArrow
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le 1 juil. 2018

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RedArrow

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