En 2008 sortait Bataille à Seattle, premier film de l’Irlandais Stuart Townsend qui, après quelques rôles (il a bien failli interpréter Aragorn dans Le Seigneur des Anneaux avant d’être remplacé par Viggo Mortensen), était surtout connu des people pour avoir été le compagnon de Charlize Theron (pas étonnant de la retrouver au casting !) pendant un certain moment/ Et pour cette occasion, Townsend s’attaque à un fait réel qui à marquer à jamais la ville de Seattle. (ATTENTION SPOILERS !)

En effet, le scénario reprend ce qui s’est passé dans cette ville en décembre 1999, à savoir plusieurs jours de manifestations intensives contre la réunion de l’OMC. Le film, comme la plupart du genre, décide de raconter un fait historique tout en y plaçant une bonne dose de fiction, avec des personnages principaux qui n’ont tout bonnement pas existé. Ici, cela apparaît sous la forme d’un crossing-over (film suivant plusieurs protagonistes, aux histoires et vies parallèles, liées par le sujet du film, qui se croiseront à un moment ou un autre du long-métrage sans s’en rendre compte ou bien furtivement, comme Collision). Seulement voilà, le piège de ce genre de film, c’est d’intéresser le spectateur avec toutes les trames que l’on propose et d’arriver à approfondir chaque personnage, sans en oublier un seul. Et je trouve que Bataille à Seattle est tombé en plein dedans ! Je me suis que trop rarement senti concerné par ce qui se passait tout le long du film, que ce soient les personnages ou bien le sujet en lui-même. Je n’ai rien contre le message que veulent transmettre ces manifestants (je suis même pour !), mais de la façon dont l’ensemble nous est présenté, ça tourne bien plus au documentaire de propagande qu’autre chose. Une propagande qui nous incite à se révolter contre ce système, alors qu’un rapport des faits à venir diffusé durant le générique final nous dit presque que « c’est bien de se battre mais ça ne sert à rien » (on apprend que d’autres manifestations se sont déroulés comme celle du film, que cela se poursuit à travers les années, mais que finalement il n’y à que trop peu d’évolution voire pas du tout). Alors, si vous rajoutez dans tout cela une histoire d’amour quasi invisible et pourtant si inévitable, un maire qui tente d’améliorer la situation alors que l’on connait la violence qui a régné durant ces manifestations, ou encore une journaliste qui se métamorphose en prenant partie rien que pour mettre en valeur sa carrière ; et bien, cela n’est pas du tout intéressant. À part, je dois bien l’avouer, le drame que connait le couple formé par Charlize Theron et Woody Harrelson. Elle, enceinte de plusieurs mois, prise lors d’une attaque de police sur des manifestants, perd son bébé à cause d’un policier qui l’a prend pour « une ennemie » d’un coup de matraque au ventre. Lui, justement policier, voit les manifestants d’un autre œil et en devient presque fou. Bref, de tout ce film, c’est vraiment la seule histoire que j’ai retenue, malheureusement…

En clair, je trouve que le film manque singulièrement de puissance. Et cela, il le doit à une mise en scène scolaire et de scènes vraiment « heurtantes ». Comme je le disais, Bataille à Seattle possède des airs de documentaires. Sauf que ce n’est pas le genre de cinéma qu’on voudrait voir, quand on connaît le sujet et le casting qu’il y a à la tête du projet. Avec des comédiens jouant honorablement (Michelle Rodriguez, surprenante ; Ray Liotta, toujours aussi bon ; Charlize Theron, étincelante…), on se devait d’avoir un film dans lequel on serait ému. Dans lequel on se placerait un seul instant à la place des manifestants, qui nous ferait monter l’adrénaline à chaque vague d’assaut de la police. Mais rien de tout cela n’arrive…

En somme, Bataille à Seattle est l’exemple-type de ce qu’Hollywood se fait de l’idée d’adapter au cinéma un événement réel : on prend un fait historique, on réunit une distribution de prestige et voilà, on a notre film ! Vraiment dommage de penser cela de ce long-métrage car tout n’est pas à jeter (ce n’est pas ennuyant, on apprend quelque chose malgré cette part de fiction). Mais on espère que Stuart Townsend arrivera par la suite à se détacher du système hollywoodien et de nous livrer un autre film du même genre, bien plus marquant et percutant.

Créée

le 23 août 2012

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