Approche-toi, infâme saloperie… Approche-toi ! Viens !

Des deux films de Tim Burton ma préférence va évidemment à celui-là. Tim Burton lance en grande pompe la franchises Batman dans les arcanes d'Hollywood avec 35 millions de dollars.
Avec un casting étoilé : Michael Keaton, Kim Bassinger et l'inévitable Jack Nicholson, Burton avait de quoi faire.


Pour créer son Batman, Burton entre directement dans le vif du sujet et dans l'univers de Gotham : une ville malade, sans cesse mise à mal par ses escrocs italiens et un vilain petit canard : Le Joker.
Dans une ville résolument gothique (tout l'univers l'est), très sombre, souvent noir, ce Batman est vraiment adulte et ce n'est pas plus mal ! C'est un peu ce qui fait la différence entre Marvel et DC Comics au cinéma. L'un vise tout le monde avec des héros très lisses pendant que DC propose des héros tourmentés, noirs et violents qui font face à un monde cruel et meurtrier.
Le Gotham de Burton n'est pas seulement gothique, il est aussi déjanté, très années 80 par moment avec ces tenues bariolées, etc. Notamment quand le Joker se ramène avec son char...cela coupe totalement avec le Gotham gothique. On retrouve ce côté déjantée dans les trois suivants. Le Pingouin, Jim Carrey et Tommy Lee Jones reprendront ce côté déjantée du Joker sans jamais l'égaler (forcément...)


Ce Joker est d'ailleurs la grande force de ce film. Un grand Batman se reconnaitrait donc à la présence d'un grand méchant ? Ou plus simplement à la simple présence du Joker. L'un des méchants les plus charismatiques aura toujours été habité par deux monstres : Jack Nicholson et Heath Ledger. Nicholson campe un Joker sans pitié, diabolique et sadique. Son interprétation est fantasque et magnifique. On l'adore malgré son sadisme, malgré sa folie meurtrière sans véritable but. Il est foutrement attachant. A la fois drôle et meurtrier, le Joker est de ces méchants qu'on aime détester et qu'on déteste adorer.
Heureusement que Michael Keaton lui répond. Jack Nicholson aurait pu totalement écraser ce film de sa présence et de son charisme. Mais Michael Keaton est bon en Batman, ni Val Kilmer, ni Georges Clooney arriveront à le dépasser (Seul Bale lui donnera la pareille). Il transpire la classe et offre à Batman une facette tant héroïque que torturé par la vengeance et son passé.
Mais que serait Batman sans une blonde séduisante ? Rien, évidemment. Kim Bassinger tient son rôle à merveille de Vicky Vale. A la fois charismatique et intéressante, elle propose une interprétation de qualité de muse et de faiblesse de Batman.


Comme dans tout Burton, les décors subissent une attention particulière. On se retrouve souvent assez bien dans cet univers Batman. Même si, aujourd'hui, après le passage de Nolan (et des années), certains effets paraissent cheap. Et ce Batman parait évidemment moins trituré intérieurement, moins noir malgré tout le travail de Burton sur ce point. Il reste l'un des meilleurs films de super-héros et de loin. Un des films qui marque par son aspect esthétique novateur et osé, qui marque par la violence qui transparait dans l'expiation du Joker et la quête infinie de vengeance de Batman. Héros à la fois meurtrier et habité par la classe de Bruce Wayne. Difficile de ne pas aimer ce mélange d'humanité et de cruauté.
Surtout quand tout cela se retrouve dans une histoire très bien construite par l'artificier Burton. Pleine de rebondissement, apportant son lot d'action, d'amour et de jeux sadiques et déjantés, on ne boude pas son plaisir à suivre les péripéties de nos deux amis à travers Gotham.
Mais en plus qu'est ce que c'est bien écrit ! Les répliques du Joker sont toutes plus folles les unes que les autres :



  • Mes ballons. C'est mes ballons. IL M'A VOLÉ MES BALLONS ! Pourquoi est-ce que personne ne m'a dit qu'il avait un de ces… trucs !

  • N'as-tu jamais dansé avec le Diable au clair de lune ?

  • Jack ? Jack est mort mon ami… Tu peux m'appeler Joker. Et comme tu vois je suis un homme comblé.


A la fois gothique, déjantée et résolument adulte, il est difficile de passer à côté de ce chef d'oeuvre super-héroïque de Tim Burton. Il fallait oser proposer un tel film sur un super-héros. Burton l'a fait en assumant son choix jusqu'au bout pour proposer un film avec une puissance visuelle digne de ce nom, un héros charismatique et profond et un méchant jouissif de sadisme et d'humour !

Halifax

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5

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