Keaton déçoit, Burton s'en tire plutôt bien, Nicholson crève l'écran...
C’est en 1989 que fut porté sur grand écran la version estampillée Tim Burton de Batman, premier film réellement notable du légendaire super-héros. Et avant de rentrer dans le vif du sujet, il parait indispensable de ne pas souligner le caractère culte de celui-ci, étant de ce fait un exemple type du long-métrage marquant avec aisance l‘enfance.
Mais bien des années ont passé depuis, et il était temps de porter un regard neuf et plus critique sur la chose, sans pour autant tomber dans la comparaison malaisée avec une certaine trilogie plus récente… car au-delà d’une préférence allant nettement en faveur du made in Nolan, il convient de reconnaître que ce Batman n’est nullement déplaisant, et assez bien composé malgré son relatif âge.
Tim Burton signait donc là un divertissement globalement réussi, mais loin d’être parfait malheureusement, et l’on ne s’attardera pas trop sur son apparence visuelle devenue plutôt vieillotte avec le temps ; d’autant que sur ce point, on reconnait bien la patte propre au cinéaste, notamment au travers de décors et d’un Gotham City sombre, unique en son genre.
Encore aujourd’hui ceci reste donc suffisamment attrayant (l’oscar n’est pas un hasard), et la présence d’une batmobile franchement géniale rappelle une certaine fidélité dont fait preuve le long-métrage envers les comics, un bon point en somme.
Autrement en termes de forme, on est pour ainsi dire emballé par la prestation de Danny Elfman, qui signait là une BO jouissive, un thème parfaitement adapté au personnage de Bob Kane et Bill Finger.
Toutefois, le fond se veut quant à lui plus inégal, d’abord au gré d’un scénario certes satisfaisant, mais au bout du compte léger ; et dans un même ordre d’idée, celui-ci côtoie une mise en scène affecté par un semblant de ton burlesque, marque de fabrique de Burton.
Pourtant ce Batman-ci n’est pas pour autant tout mignon tout plein, car à l’aspect limite gothique des décors s’ajoute une certaine dose de violence bien présente ; d’une manière générale, il s’avère en réalité que le film mêle avec plus ou moins de succès ces deux tangentes que sont la légèreté et le sérieux.
Et qui de mieux que le Joker pour illustrer ce propos ? On tient d’ailleurs là une prestation excellente de Jack Nicholson, celui-ci nous livrant une prestation déjanté du mythique super-vilain, dont la présence à l’écran aura également pour mérite de contrebalancer une déception… en la personne de Michael Keaton.
En ce sens, bien que physiquement relativement convaincant, on reste sceptique devant son jeu d’acteur… passablement mou dans le genre ; j’en gardai d’ailleurs un meilleur souvenir, mais cette fois-ci je n’ai pas du tout été conquis par les apparitions de la paire Bruce Wayne/Batman, ce qui est regrettable pour un tel long-métrage.
Bref, Burton n’a pas démérité avec ce film divertissant, mais bon nombres d’éléments faisant tiquer noircissent un tableau alléchant au premier abord ; mention donc à l’empreinte graphique de ce Batman, sa BO et son Joker savoureux… et la présence des plus plaisantes de Michael Gough au générique !