• Revu en mai 2014 :
Batman Begins reste, pour moi, un vrai film sur Batman, qui garde pleinement l'esprit de la Chauve-Souris comme la plupart le connaissent. La réinvention arrivera plutôt dans le volet suivant. Dans ces origines, Nolan présente donc toute une nouvelle histoire en impliquant la Ligue des Ombres. D'ailleurs, avec l'Épouvantail en ennemi principal, en plus de la pègre, le film conserve parfois cet aspect fantastique et lugubre qui sied si bien au Chevalier Noir. C'est particulièrement vrai dans les bas fond de Gotham qui sont insalubres à souhait. En outre, la ville, de ses différentes constructions, se fait clairement sentir comme fictive et participe à donner cet aspect de film de superhéros. Batman est globalement bien traité, les enjeux du scénario demeurent assez sommaires et se concentrent sur la création du symbole, Nolan est cohérent dans l'imagerie qu'il créé même si les scènes d'action ne sont pas son fort (tout comme l'humour), et Zimmer & Howard réinventent efficacement les thèmes. Un reboot de qualité de ce Batman pour l'époque moderne, en somme.

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• Critique du 29 juillet 2012 :
Blade, les X-Men, Spider-Man, Hulk, Hellboy,... Depuis le début de ce nouveau millénaire, les adaptations de super-héros s'envolent, et profitent d'effets numériques plus crédibles que jamais pour enfin se matérialiser sur grand écran dans les règles de l'art et rendre justice à ces héros costumés. On a en mémoire, bien évidemment, les vieillottes et très souvent kitsch tentatives d'adaptation de Captain America (1991), Spider-Man (au format télévisuel en 1977), ou même les 4 Fantastiques (en 1994). Si ces dernières années, Marvel semble dominer le format cinématographique, les héros DC Comics ont su trouver leurs heures de gloire pendant les années 1980 grâce aux désormais cultes long-métrages sur Superman et Batman. Les deux figures emblématiques de la firme qui, pourtant, ne semblent pas avoir sauté dans le train du renouveau des années 2000. Disons que la franchise cinématographique de Batman s'est achevée meurtrie par les extravagances de Joel Shumacher qui n'a pas laissé pas un très bon souvenir du justicier milliardaire. C'est alors un peu plus de cinq ans après ce dernier épisode que la Warner a décidé de relancer la Chauve-Souris au cinéma. Nouveau casting, nouveau réalisateur, nouvelle vision. Batman Begins allait repartir de zéro, sur des bases saines.

En tant que metteur en scène, on trouve donc Christopher Nolan, dont les deux précédents films (Memento et Insomnia) ont laissé la critique dithyrambique. Le Britannique connaît son sujet et sait comment rendre justice au Batman. Même si parcouru de plans un peu trop formatés, rarement mémorables, et scènes mouvementées filmées trop proches des acteurs et peu appréciables, le films bénéficie, pendant 3/4 d'heure, d'une construction non-linéaire plutôt intéressante qui vise à faire rejoindre les différentes lignes narratrices en un seul point : la naissance du héros.

L'intrigue revient donc sur l'assassinat des parents Wayne, puis se permet quelques libertés avec l'histoire pavée des comics en présentant un Bruce détruit moralement et assoiffé de vengeance qui va fuir la ville pour terminer son périple parmi la Ligue des Ombres, où il y suivra un entraînement redoutable et apprendra à affronter ses peurs, ainsi qu'affirmer ses valeurs morales. Ligue des Ombres qui se présente ici comme substitut à la Ligue des Assassins des comics, et affiche des motifs différents : soit purifier Gotham pour évincer sa criminalité. Pour cela, Ra's Al Ghul met en place un plan infaillible qui nous fera croiser l'Épouvantail, notamment.

Dans ce Batman Begins, l'on est surtout confronté à un ton plus sombre qu'à l'accoutumée, au regard des dernières productions superhéroïques. Et ce, en partie car Nolan souhaitait une vision bien plus réaliste que la normale pour un film du genre, mais aussi par rapport aux précédents longs-métrages sur le personnage. Il lui fallait alors un univers ancré dans la réalité, reconnaissable et humain. Par ailleurs, au lieu de réaliser une œuvre concentrée sur l'extérieur, la carapace héroïque et ses prouesses et moments de bravoure, Nolan s'attaque à l'intérieur, à l'homme sous le costume, ses ambitions, sa morale, ses doutes et ses peurs. Pas de fantastique ici donc, mises à part les hallucination provoquées par le gaz du Docteur Crane, mais une œuvre assez noire ou un homme ordinaire va tenter de devenir un symbole de justice dans une ville souillée par la corruption.

D'ailleurs, même si l'on peut se demander comment être réaliste avec une ville fictive, la représentation de Gotham City est complètement dirigée en ce sens de noirceur. À savoir que l'on nous montre une ville industrielle où cohabitent gratte-ciels majestueux et quartiers crasseux, sombres, dans une veine très Blade Runner. C'est la ville de Batman, et la majorité des plans larges étant tournés de nuit, cela renforce son côté meurtri. UnLe coucher du soleil est un moment de la journée qui voit apparaître Batman, puisqu'il fait de l'obscurité sa tanière, et permet d'avoir des chasses aux criminels dans les règles du personnage : en jouant de la peur.

La vision de ce film a beau être gouverné par le réalisme, Batman demeure Batman, et donc son design ne subit que peu de modifications. Comme dans les films précédents, et surtout parce que ça passe mieux au cinéma, son costume est plus une armure solide qu'une combinaison moulante. Son design lui donne un air assez menaçant, et l'origine de chaque pièce de son équipement nous est expliquée : soit provenant de prototypes de l'armée, ou de modèles en kit réassemblés à loisir. Et comme chaque long-métrage sur le superhéros, le réalisateur apporte sa propre vision de la Batmobile. Exit les voitures longilignes et fantasmagoriques, le réalisme voulu penche plus pour un format compact et destructeur : le Tumbler, sorte de croisement entre un Hummer, un avion de chasse furtif et un tank, c'est tout terrain, et c'est bourrin.

Pour donner corps à cette histoire, le casting se révèle assez phénoménal. L'on retrouve Morgan Freeman, dans le rôle d'un Lucius Fox malicieux et "conseiller" technique de Wayne, Michael Caine en tant qu'Alfred, et qui apporte une présence protectrice et temporisatrice au jeune milliardaire. L'acteur parvient à vraiment refléter la mentalité du majordome bien plus que serviteur, à la fois complice, confident et parent. Tom Wilkinson est Falcone, mafieux sans scrupules et Katie Holmes joue Rachel Dawes, amie et amour d'enfance, dans une interprétation qui laisse un peu à désirer. Gary Oldman en Sergent Gordon semble souvent à côté de ses pompes mais tient la cadence. Tandis que Liam Neeson montre un Ra's Al Ghul décent mais peu charismatique, et que Cillian Murphy prête ses yeux bleus perçants au Docteur Jonathan Crane - l'Épouvantail - joliment interprété, mais qui aurait mérité un développement plus intéressant. Et que vaut Christian Bale en tant que Bruce Wayne ? L'acteur offre une très bonne performance entre les différents états d'esprits présents dans le film, du jeune garçon brisé et revanchard au playboy superficiel, tout en passant par le monstre qui habite le costume de Batman, ses yeux y expriment une vraie sauvagerie. Et sa voix également... même si elle peut prêter à sourire.

Enfin, ce sont Hans Zimmer et James Newton Howard qui ont la charge de composer de nouveaux thèmes pour le justicier. Pas de facilité ici, ils ne reprennent pas, bien qu'ils soient cultes, les principaux morceaux de Danny Elfman et optent carrément pour une approche différente. Entre électronique et orchestrale, la bande-son demeure plutôt discrète tout le long de film, avec des basses menaçantes davantage identifiables sur les séquences d'action. Pas de grand thème épique mais des prémices de leitmotivs aux différentes apparitions du héros qui s'imposent peu à peu comme thème de Batman et seront sans doute amenées à être mieux mises en valeur sur les films suivants. Les scènes de développement conservent une trame sonore plutôt intimiste mais qui ne se montre pas particulièrement mémorable.

Contre toute attente (avoir à nouveau un film qui raconte les origines...), Christopher Nolan réussit sont pari de redonner de la consistance à un des héros de comics les plus populaires. À travers Batman Begins il parvient à capter l'essence du chevalier noir, développant le personnage convenablement dans une vision novatrice et bien retranscrite. Loin d'avoir des séquences d'action spectaculaires, le film se maintient toutefois par son intrigue captivante, la réinvention amusante de Batman, et pose des bases solides pour une future franchise.
AntoineRA
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le 29 juil. 2012

Modifiée

le 6 juin 2014

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AntoineRA

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