Kilmer moi si tu peux

Pour ce Batman Forever, ce 4 est une vraie bonne note. Le film souffre d'incommensurables faiblesses qui ne sont sauvées que par la bonté et la bienveillance des spectateurs.

Parce que c'était peut-être le plus dur à réaliser : il fallait passer derrière Burton, il fallait remplacer des méchants qui avaient été convaincants, il fallait remplacer Keaton, il fallait retrouver une blonde sulfureuse. Il y avait beaucoup de choses à recréer. Et quand il faut recréer, il faut un grand cinéaste...et non Schumacher n'a pas l'étoffe d'un Burton ou d'un Nolan. Et automatiquement, déjà que c'est en dessous, la comparaison avec les précédents se fait, et ça devient limite compliqué de continuer à suivre ce quasi chemin de croix de Batman sous le diktat Schumacher.

Val Kilmer endosse donc le costume du Batman dans lequel il sera confronté à Harvey double face interprété par Tommy Lee Jones (que j'ai détesté dans ce rôle de Joker-like raté et surjoué) et l'homme mystérieux interprété par Jim Carrey qui nous fait...du Jim Carrey. Derrière on retrouve la très expressive Nicole Kidman qui a un rapport inversement proportionnelle entre sa beauté et ses talents d'actrices. On notera aussi qu'elle n'a pas changé depuis, étonnant quand même.
En soi Val Kilmer n'est pas si mauvais en Batman, il est en tout cas plus convaincant que Tommy Lee Jones. J'abhorre cette performance totalement surjouée et ratée de Tommy Lee Jones, très surprenant de sa part quand même.

Mais c'est l'intrigue générale qui est faiblarde, la première heure est assez sympathique mais la deuxième partie est calamiteuse, très mal construite et surtout très longue. L'ennuie arrive rapidement.
C'est surtout cette suite de scène où Batman peut mourir mais à chaque ça veut pas et on fait pour beaucoup le lien entre "je l'aurais un jour", mais non ce Batman est immortel et il se sort toujours des mauvaises passes. Même les pseudos dilemmes tombent à plat car on sait pertinemment que ça va passer comme dans du beurre pour Bruce Wayne. Tout cela est très fade et ne reste pas du tout dans les mémoire, on oublie très vite ce Batman très faible, qui perd toute l'identité que Burton s'était attaché.
L'identité visuelle gothico-déjantée de Burton disparait quasiment totalement sur l'autel du public jeune. Même si dans la personne de Harvey double-face Schumacher espérait sauver ce qu'il restait de folie, rien n'y fait, rien ne fonctionne et Batman passe de héros noir et tiraillé à un pseudo milliardaire super-héros sans charisme à la vie facile. C'est toute l'identité de Batman qui s'écroule en un opus. Une identité annihilée dans l'opus suivant où Batman deviendra une comédie grossière et salace sans aucune saveur. Il faudra plusieurs années pour Nolan redonne à Batman sa puissance.

Un prélude à l'exécution qui suivra, ce Batman Forever est un film super-héroïque passable, très passable même. Quelques coups d'éclats sont quand même présents mais rien de bien folichon.
Rien n'y fait, Batman est banal, les méchants sont ratés, la blonde sulfureuse est évitable quoique séduisante. Un Batman Forever qui s'oubli et heureusement pour nous !