Les clowns de la terreur envahissent Gotham

Après le fabuleux carton réalisé en 1989 par la chauve-souris qui affrontait le Joker, Tim Burton remet ça avec de nouveaux méchants délirants et hybrides entre l'humain et l'animal : le Pingouin et Catwoman. Pour le fric ? pas seulement : Burton s'était avoué insatisfait de sa première mouture, ça ne flamboyait pas assez selon lui, et Batounet n'avait peut-être pas eu son compte avec le Joker, c'est pourquoi il livre un Batman plus fouillé et encore plus ténébreux, mais qui au final se laisse encore un peu dépasser par ses 2 étranges adversaires. Davantage qu'une suite, ce film est donc une nouvelle leçon que Burton inflige à Batman, et surtout par Catwoman interposée.
Sous le latex, toutes griffes dehors, Michelle Pfeiffer minaude, miaule et ondule, elle est félinissime avec ses miaou, et sa relation avec Batman est ambiguë. Mais l'autre ennemi est beaucoup plus tordu, c'est Oswald Cobblepot alias le Pingouin, jailli des entrailles de Gotham en éructant son déchirement intérieur et sa nature monstrueuse et grotesque, un personnage sorti de la fange et porté par un extraordinaire Danny De Vito qui en fait moins que n'en faisait Nicholson, mais qui en a à revendre quand même. Avec lui, l'univers de Tim Burton déjà passablement dérangé, plonge dans des hallucinations gothiques, il offre un univers à sa démesure.
Cauchemars et divagations visuelles prennent alors tout leur sens ; tandis qu'en surface, une farandole de clowns cruels se livre à un joyeux massacre, dans les tréfonds des égoûts de Gotham, rejets d'une humanité indifférente, la farce devient une sombre symphonie, aux airs felliniens, oui Burton a revendiqué la filiation, la référence n'est pas exagérée lors de l'attaque des pingouins.
On est donc saisi par l'extravagance inquiétante des décors, le climat crépusculaire, l'exagération des personnages, l'univers fantasque et givré du réalisateur, sa poésie lugubre et la noirceur de ce conte de fées gothique. C'est justement cette tendance trop appuyée sur l'aspect sombre et désespéré qui m'a un peu rebuté ; je retiens l'extraordinaire maquillage de De Vito, le costume cousu main en forme de patchwork sado-maso de la Pfeiffer, le cynisme du milliardaire Max Schreck (nom de l'acteur du Nosferatu de Murnau, sans doute pas anodin de la part de Burton), la férocité du Pingouin et la perversité de Catwoman, sans oublier la partition de Danny Elfman qui trouve une juste résonance à ces folles visions, mais ce spectacle cauchemardesque à l'humour grinçant m'a quelque peu gêné par endroits. Nul doute que Burton a eu cette fois carte blanche pour se défouler et pour livrer quelques-uns de ses fantasmes bien morbides. Cependant, je note 8/10 pour toutes ces qualités énumérées, en gardant une petite réserve sur le style de Burton avec lequel j'ai parfois du mal.

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le 15 oct. 2017

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Ugly

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