Suite à l'énorme succès critique et commercial du premier opus, la Warner appela donc logiquement Tim Burton à réaliser la suite des aventures du Chevalier Noir.


Entretemps devenu un réalisateur adulé par la presse cinéphile ("Les Cahiers du Cinéma", "Positif") suite à la découverte un an plus tôt de son éblouissant "Edward aux mains d'argent", Tim Burton ne pouvait donc que rempiler. Bien qu'il semblait peu motivé au départ suite aux nombreux désaccords artistiques entre lui et les producteurs sur le tournage de son 1er Batman, le grand Tim se laissa finalement convaincre, la Warner ayant juré de lui laisser une liberté totale sur ce deuxième opus.


C'est donc en toute tranquillité que Burton s'attela donc à cette suite.


C'est donc en toute tranquillité que Burton s'attela donc à cette suite. Alors, au final, meilleur que le 1er ?
Le 1er "Batman", de par son atmosphère lugubre et dramatique et son terrifiant et génial méchant (le Joker), avait placé la barre très haut en terme de qualité. inutile donc de dire que, malgré une plus grande liberté artistique, la pression était de mise sur les épaules de mister Tim.
Le résultat final, à mon sens, est un mélange de "oui" et de "non". Certes, "Batman Returns" est un film de très grande qualité, servi par une atmosphère encore plus sombre et plus poisseuse que son prédécesseur, par des personnages plus barrés les uns que les autres (le choix de Christopher Walken en second méchant n'y est pas étranger), et par une ambiance plus que désenchantée.


Ayant donc le droit de faire ce qu'il veut, Burton en profite pour ponctuer son film de ses références cinéphiles personnelles, en particulier Frederico Fellini et Tod Browning. Le premier pour l'imagerie du cirque, que Burton transforme en endroit maléfique servant de lieu de terreur aux méfaits du Pingouin, nouveau grand méchant de ce deuxième opus. Le second, pour le côté "film de monstres". Avec son bestiaire animalier criard et sauvage (qu'il s'agisse du Pingouin, de Catwoman et même de Batman), Burton ne propose rien qu'une relecture animale du "Freaks" (1931), le chef d'oeuvre maudit de Tod Browning, mettant en scène de véritables monstres de foire.
Dès lors, optant pour trois points de vue différents (le Pingouin, la chatte et la chauve-souris), Burton prend la liberté de laisser son film partir dans tous les sens, au point d'évaporer toute forme de classique de scénario, là où le premier opus ne racontait rien moins que le duel physique et psychologique de deux hommes blessés.


Et pourtant, des êtres blessés, ce n'est pas ce qui manque, dans "Batman Returns". De la pauvre Catwoman, interprété de manière sensuelle, touchante et sauvage par Michelle Pfeiffer, tourmenté entre sa part d'ombre et sa relation amour/haine pour Batman, du Pingouin, enfant maudit et jeté lâchement par ses parents au fond des égouts auquel Danny DeVito confère un côté "animal sadique et pervers", en passant par le milliardaire corrompu et sanguinaire Max Shreck, avide de pouvoir, campé de façon glaçante et inquiétante par Christopher Walken, en passant par Batman lui-même de plus en plus déprimé, ne supportant plus de voir sa ville tomber lentement entre les mains de ses ennemis qui, au contraire de lui, n'hésitent pas à dévoiler au grand jour leur animalité refoulée.


Au niveau du fond, "Batman Retunrs" demeure un très beau spectacle, marqué ça et là par des scènes d'anthologies frôlant volontairement le grotesque (l'attaque des pingouins armés de missiles, la transformation de Sélina Kyle en Catwoman) sans parler des parti-pris relatifs aux personnages (un Batman qui n'hésite plus à tuer, de façon loufoque, ses adversaires, le Pingouin avide de chaire féminine bien fraîche) ou encore des dialogues à connotations sexuelles, le plus souvent prononcées par une Catwoman décidément bien... chienne.


Le fait que, au contraire du 1er opus, "Batman Returns" dispose d'enjeux narratifs relativement flous (à tel point qu'on en viendrait presque à se demander si finalement Batman lui-même, de par sa manière de se défendre, ne serait pas lui-même un "vrai monstre" vouée à l'ombre et à l'indifférence) fait à mon sens qu'il s'avère moins emballant que son prédécesseur.
Ceci dit, en dépit de cette (grosse) réserve, ce second Batman de Burton reste un grand et beau film de super-héros, à la mélancolie et la tristesse beaucoup plus explicite que dans le précédent, et servi par une atmosphère glauque et dérangeante (les apparitions du Pingouin, de Catwoman et de Max Schrek en sont la preuve) et une interprétation sans failles : Michael Keaton, Danny De Vito, Michelle Pfeiffer et Christopher Walken sont tous impeccables, dans des rôles que Burton semblent leur avoir taillés sur mesure tant ils sont crédibles.


Et une réussite de plus donc, pour Tim et pour Batou !

Créée

le 11 oct. 2016

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