Ouch...

On sait que le personnage du chevalier noir n'a jamais été très progressiste dans sa perception de la loi et de l'ordre - c'est ce qui rend le personnage ambïgu et intéressant - mais si Batman frôle parfois le gouffre, il n'y bascule que très rarement...Ou du moins on attend de cette chute qu'elle soit une pièce de maître.

Batman : the Dark knight returns ne partait pourtant pas si mal : inspiré de l’œuvre de Frank Miller, ce film d'animation met en scène un batman vieillissant, dont les méthodes ne sont plus adaptées à une société libérée, certes, mais en total déclin. Et déjà, on sent venir le propos douteux. Soit, l'angélisme face à la criminalité n'a jamais été une réponse car elle fait la part belle aux criminels en méprisant les victimes...mais le tout répressif tel qu'il est montré dans ce film est non seulement cliché mais aussi très -trop- complaisant et n'apporte pas davantage de réponses à l'angoisse des citoyens de Gotham en définitive. S'il est intéressant de se détacher de cette vision édulcorée du criminel qui n'a pas si mauvais fond pour montrer une faune beaucoup plus violente sur qui la méthode douce est totalement inefficace, une critique même légère de ce Batman violent et autoritaire était indispensable elle aussi, pour montrer par quels mécanismes ces deux extrêmes contribuent à rendre la société de Gotham invivable (le bon citoyen qui ne vit pas à Gotham mais s'insurge des méthodes de Batman contre les criminels et celui qui les soutient en y accolant ses rancœurs personnelles, plaçant sur le même plan délinquant violent et querelle de voisinage ne valent clairement pas mieux). Au final, le message délivré par cette première partie m'a laissé très dubitatif et m'a mis franchement mal à l'aise. L'emploi excessif du mot "fasciste" au cours du film - terme mal employé d'ailleurs - aboutit à une sorte de caricature du "démocrate" bobo et permissif. En parallèle, voir Batman instaurer une loi sans demie-mesure et société où règne la loi du talion, contemplant son œuvre comme une sorte de déité satisfaite, tout ceci au premier degré, sans recul, m'a fait légèrement froid dans le dos. Batman n'est pas conçu pour être sympathique, soit. Frank Miller ne s'est jamais caché de ses positions pour le moins radicales, soit. N'étant moi-même pas américain, je ne suis peut-être pas à même de juger totalement le message, soit. Mais en surface, il reste tout de même assez limpide...et sans finesse, sans nuance. J'attends de voir la seconde partie pour me prononcer totalement.

Autre regret : le style virtuose de Frank Miller - je n'aime pas les idées du bonhomme mais beaucoup son style visuel - a été très peu exploité, j'aurais apprécié un film en noir et blanc un peu léché, à la "sin city" plutôt que ces couleurs ternes, malgré une mise en scène assez dynamique.
SubaruKondo
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le 23 avr. 2014

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SubaruKondo

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