Dans le cadre du gros chantier pour transposer à l'écran le tout DC, c'est maintenant au tour du chevalier noir de faire son apparition. Mais plutôt que de se voir consacrer un film à part entière, on se retrouve avec un crossover histoire de préparer le public à la future Justice League. Batman a bien sûr un rôle prédominant vu qu'il succède à l'homme d'acier en tant que personnage phare présenté au spectateur. Sauf que le titre racoleur laisse direct entendre un bon vieil affrontement des familles histoire de taper large niveau audience, aussi bien chez le lecteur de comics que le premier venu désirant un divertissement blindé de séquences spectaculaires.
Si les plus optimistes pouvait espérer un plot digne de ce nom pour justifier ce duel, la séquence d'introduction reprenant des événements de la bataille finale de Man of Steel douche instantanément leurs illusions. Bruce Wayne voit ses employés mourir sous les dommages collatéraux causés par les kryptoniens, et celui-ci tourne sa haine contre un Superman dépassé par les événements. Le soucis, c'est que Batou est censé être le plus grand détective du monde et donc logiquement voir au-delà des apparences. Là non, que dalle, il rumine sa vengeance, accusant le super-homme de laisser mourir des innocents.
Là où ça devient du foutage de gueule, c'est que dans sa lutte contre le crime, le justicier n'hésite pas à abattre ses proies, quand il ne les marque pas en les condamnant de façon irréversible à se faire lyncher par leurs semblables. Juge et bourreau, mais surtout sale con le Batou. Il y a du coup de quoi se marrer en repensant cette polémique en carton suite au film sur Superman et les reproches qu'il a largement subit. Là c'est encore pire, on parle de meurtres de sang-froid. Bizarrement, j'ai nettement moins entendu les fans se plaindre. Deux poids, deux mesures.
Ne croyez pas que le traitement du personnage m'amuse, bien au contraire. Je déplore un carnage supplémentaire venant s'ajouter à une liste qui commence à devenir bien longue. Déjà que les seconds couteaux de Man of Steel n'ont pas gagné en saveur (Perry White toujours bon à décorer) voir on carrément perdu de leur utilité (Loïs Lane qui ne sert plus à grand chose), il y a de quoi s'inquiéter pour les nouveaux venus.
Cela dit, certains s'en sorte pas trop mal. Si j'ai détesté l'aspect jeune homme arriviste à peine sorti de l'adolescence de Luthor, son coté psychopathe reste bien maîtrisé, n'hésitant pas à se débarrasser de ses collaborateurs. Il reste d'ailleurs le seul protagoniste à apporter un peu de liant entre les deux superhéros du film en accélérant les événements menant aux derniers actes. Idem pour le Doomsday dont je redoutais le traitement. Ben on retrouve l'aspect physique, cette brutalité sans nom, certaines de ses particularités, et avec bien évidemment l’apparition de cette ennemi, le début d'une trame secondaire mais au combien importante pour tout ceux qui connaissent un peu les comics. Le plan final laisse d'ailleurs entendre que celle-ci sera menée à terme, reste à voir comment.
Quand à Gal Gadot, si ses diverses apparitions en robe de soirée n'ont que peu de poids sur le métrage, la voir intervenir pour cette bataille finale spectaculaire ne laisse pas indifférent. Wonder Woman pète le feu et laisse augurer du bon, du moins jusqu'à ce qu'elle soit massacrée dans son propre film. Enfin, je ne l'espère pas pour elle mais ça sent pas bon quand même tout ça. Sinon, y'a Jeremy Irons, il est génial comme d'habitude, et en plus, t'as l’impression que c'est le seule qui a la tête sur les épaules au milieu de tout ce bordel.
Pendant les deux premières heures de cette version longue, on ne reconnait qu'assez peu la touche Snyder. Beaucoup de discussions, de moments de réflexions intérieurs, les personnages semblant se chercher. Le film tente d’intégrer les éléments de la futur ligue de superhéros. Les vidéos montrant un Jason Momoa faisant un coucou amical les cheveux à moitié sur la tronche ainsi que la naissance d'un Cyborg ou les exploits d'un Jeune Barry Allen permettent une première approche de ces futurs éléments majeurs. Par contre, le rêve apocalyptique de Bruce Wayne évoquant une future crise et une confrontation avec Apocalypse font bien hors-sujet pour le coup, vu qu'on en est pas encore là. Il y a bien sûr une volonté derrière tout ça de solidifier l'univers étendu DC version cinéma pour venir concurrencer Marvel, mais ces derniers ont encore une belle longueur d'avance et l'écart ne semble parti que pour se creuser.
Puis vient le moment de lâcher les chevaux. Snyder refait du Snyder et se lâche sur les délires visuelles et les scènes de destructions, facilement justifiable quand on parle de Doomsday, et Hans Zimmer revient piocher des partitions dans ses fonds de tiroirs. On retrouve du coup ses marques et l'on se rappelle que l'on n'est pas devant un blockbuster qui marquera les esprits. Mais au moins la dernière partie reste sympathique.
Comme d'hab avec le duo phare, ce n'est qu'une fois qu'il font la paire que ça devient réellement intéressant, d'autant plus problématique quand les deux-tiers du film tente de justifier un fight avec des arguments bricolés à l'arrache. Toute cette rivalité ne fait que plomber le métrage déjà pas avantagé vu le traitement de certains persos et du scénario. Reste des effets visuels dernier cri toujours aussi impeccable et en phase avec ce qu'on se doit d'attendre d'une production de cette envergure.