On refait la critique - Version longue (director's cut) de "Batman V Superman - Dawn of Justice"

Attendue par de nombreuses personnes (fans comme simples spectateurs) et ce malgré les critiques très négatives (euphémisme) et l'amère déception dont il a fait l'objet au moment de sa sortie en salles en mars dernier, cette version longue, en réalité la véritable version de Zack Snyder, s'était promise de rectifier le tir.


Pour avoir vue tout récemment cette version longue, je dois dire que mon avis a quelque peu évolué. Comme pas mal de spectateurs, j'avais été globalement très déçu au moment de la sortie de la salle. Trop ambitieux au point de noyer son propre scénario sous la surcharge d'intrigues secondaires et plutôt mal amenés, des personnages secondaires présentés comme un cheveu dans la soupe (Wonder Woman), sans même parler de la campagne promotionnelle ayant littéralement vendu le film comme le "combat du siècle", choc des Titans qui se résume au final à une empoignade musclée d'environ 10 minutes.


Bref, la version ciné m'avait quelque peu refroidi, au point même de lui avoir consacré une critique négative.


Maintenant, allons à l'essentiel, que vaut cette version longue ?
Sans surprise, elle se révèle beaucoup plus plaisante mais surtout plus cohérente et plus prenante. Certes, on est encore très loin du chef d'oeuvre, voir même du très grand film, mais au final, on est loin aussi de la grosse daube qu'y ont vu une grande partie de la critique (du moins pour la version ciné).
Le grand mérite de cette vision complète du film (3 heures en tout et pour tout, soit jusqu'à présent le film de super-héros le plus long de toute l'histoire du cinéma, ni plus ni moins) est de revenir de façon plus approfondie sur quelques séquences du film laissées sur le côté au moment de la sortie cinéma.
La partie africaine du début, qui voit Loïs Lane, journaliste au "Daily Planet" et petite amie de Superman, joue cette fois-ci un véritable rôle dans l'intrigue. Plus développée mais aussi plus violente (on y voit du sang), elle permet de mieux cerner les doutes qui habitent Superman en deuxième partie du film et qui le conduise à devoir assumer les conséquences de ses actes en cour martiale. Mieux encore, cette partie africaine permet aussi de mieux cerner les dilemmes moraux de Bruce Wayne/Batman (Ben Affleck toujours aussi charismatique en Batman en colère) en mettant en évidence un bandit qu'il suite à la trace et qui le conduira à soupçonner l'excentrique et instable Lex Luthor de complicités terroristes, éléments que la version ciné avait quelque peu laissé de côté.
Pour le coup, la noirceur du film qui en résulte apparaît comme plus naturel et moins surfaite, on cerne alors mieux la dimension tragique que Snyder voulait injecter à son film, qu'il a toujours envisagé comme une véritable tragédie grecque.
Au fond, c'est bien de cela dont il est question, à savoir une vaste tragédie dont les acteurs principaux ne sont ni plus ni moins que les deux faces d'une même pièce, deux parias chacun à leur manière (l'un symbolisant la lumière et l'espoir, l'autre la nuit et la justice à tout prix) que le monde se doit de craindre mais aussi d'accepter.
Sur ce plan-là, on ne peut que rire jaune devant le titre du titre du film qui finalement, apparaît plus comme un argument promotionnel que comme élément principal du scénario. L'enjeu du film n'est pas, qu'on se le dise, le combat de l'homme d'acier de Métropolis face au chevalier noir de Gotham City; il repose surtout sur l'apprivoisement, savoir comment deux tempéraments opposés peuvent apprendre à s'unir et à faire face ensemble à l'obscurité, dans un monde en proie à la crainte et à l'inquiétude, face à l'existence de surhommes et d'être venus d'ailleurs.


Cela étant, et bien que cette vraie version réhabilité le film et permette de l'envisager sous un autre angle (plus psychologique et plus profond), des défauts sont toujours là, se situant principalement au niveau de l'introduction des personnages secondaires. Wonder Woman de même que les caméos rapides des autres futurs membres de la Justice League à venir sont amenés beaucoup trop rapidement et pas assez explicitement dans un récit déjà bien chargé, reposant essentiellement sur ses deux "super-héros/stars". Lex Luthor, interprété par Jesse Eisenberg en total roue libre et sur-jeu, est toujours aussi insupportable et navrant, se contentant de jouer les émotions à coups de grimaces et de rires fous histoire de faire comprendre que son perso est méchant à souhait, quitte même à faire passer le Joker de Batman pour un amateur à côté.
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Enfin, Doomsday, le grand méchant de la confrontation finale, ne s'imposait pas, mis à part peut-être pour symboliser le sort funeste qu'il réserve à Superman et donc en cela faire référence au célèbre comics "La mort de Superman", mais globalement, mis à part pour mettre en avant le grand spectacle à coup de grosses explosions et de grosses bastons, Doomsday n'est guère très utile à l'intrigue.


Bref, vous l'aurez compris, cette version définitive de "Batman V Superman", film tant mal aimé, remonte finalement bien le niveau et au final, s'il ne s'affiche pas comme la claque annoncée, se révèle dans l'ensemble être un bon film de super-héros, ambitieux et fouillé, ayant le mérite de proposer autre chose que ses confrères "marvelliens".


Reste maintenant à espérer que la Warner en prenne de la graine et prenne désoramis les risques de nous proposer les versions définitives de leurs films DC Comics, ce qui visiblement ne semble pas être encore tout à fait le cas avec le tout récent "Suicide Squad", apparemment lui aussi promis à une version longue qui cette fois-ci ne sera peut-être pas suffisante pour gommer les nombreux défauts du film.


P.S : La véritable note que je mettrai au film serait de 6,5/10 et non pas 6; "Senscritique" ne disposant apparemment pas de notes de ce genre.

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le 7 août 2016

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