Vous reprendrez bien un peu de charcuterie ?

(Pour l'explication de ce titre de critique, lisez jusqu'au bout... mouah ah ah !!!)

En ce moment, je suis dans un tourbillon malsain, un vortex nuisible, une descente aux enfers. Film après film, je me renie en allant voir des films plus mauvais les uns que les autres. Et pourtant, Dieu (ne me demandez pas ce qu'Il vient faire dans cette critique, c'est juste une expression !) sait que je suis d'ordinaire plutôt bon spectateur.

Mais je dois vieillir. Salement vieillir. Plus le temps passe et moins je goûte les facilités scénaristiques, les débauches d'effets spéciaux, les dialogues affligeants et la réalisation paresseuse.

Je passerai rapidement sur ce dernier point, tellement je suis assez peu client du cinéma de Zack Snyder en règle générale. Son dernier Man of Steel et sa débauche d'effets spéciaux m'avaient grillé la rétine à plusieurs reprises... Et le pire, c'est qu'il récidive avec Batman v Superman... Et il a même osé retoucher les abdos de Ben Affleck (si, si, je vous jure, c'est absolument trop visible) en post-production. A croire que ce dernier n'a pas réussi comme Cavill à gonfler pour de vrai (peut-être leur 10 ans d'écart... mais là, j'avoue, je suis mesquin).

Ce que je regrette profondément dans ce film, c'est le traitement réservé à Batman (je ne dirai rien sur Superman dont je ne suis pas le premier fan, et dont je ne connais pas bien l'univers). Contrairement au Batman de Nolan (qui est pourtant à la production avec sa femme... cherchez ce qu'il est venu, à nouveau, faire dans ce projet) qui avait eu le mérite de rendre toute la profondeur que mérite le Dark Knight, ici, mon héros (oui, oui, mon héros) n'est que force brute, sans réel but que de foutre sur la tronche de Superman, sous prétexte que...

Sous prétexte que quoi d'ailleurs ? Et bien, c'est là que le bas blesse. On se demande pendant toute la première moitié du film ce qui explique la volonté de Batman de réduire à néant son concourent. Car oui, je n'ai pu m'ôter de l'esprit que la seule raison pour laquelle le chevalier noir voulait la perte de l'homme en collant... était que ce dernier en avait une plus grosse que lui. Genre : "t'as détruit la moitié de Métropolis, on t'élève en héros, je n'en resterai pas là. JE suis le sauveur des States, tu n'en es que le fossoyeur".

Réduire Batman à cette simple équation est absolument un scandale. Et puis vient le deuxième partie du film où Batman revêt une espèce de carapace absolument immonde, monté sur des boots énooooormes à semelles compensées. Les trois gros plans que nous avons sur ses shoes me font dire qu'il y a un petit message crypto-gay (je sais, je sais, je vois le mâle partout) glissé dans ce film. Peut-être que, finalement, Bruce Wayne veut piquer le pyjama saillant (et moulant) de Clark Kent ? A noter que les poils qui débordent de la tenue de Superman me laissent perplexe... Nos héros ne sont-ils pas censés être glabres ? Un détail me direz-vous...

Je passerai sous silence le changement de comportement de Bruce Wayne, au moment ultime de zigouiller le Kryptonien, qui intervient aussi rapidement que celui d'un bipolaire. Bon, peut-être l'est-il, soit dit en passant bipolaire, mon chevalier noir ? Mais sous prétexte que Superman bafouille 'Nan, pas Martha' (que Bruce prononce Marssa, là où Clark le prononce à la française), et que, comme d'un fait exprès, ils partagent le même prénom pour leur maman (j'ai vérifié, c'est vrai en plus :/), Batman l'épargne. Et même pas une minute après, les voici main dans la main pour foutre sur la gueule du méchant, lequel, en plus de ne pas être convaincant pour un rond, est une espèce de créature digitalisée absolument grotesque (mais peut être appartient-il au bestiaire de Superman, auquel cas, veuillez me pardonner).

Et puis que dire de cette scène, multi-réchauffée-régurgitée qu'est la mort des parents de Bruce Wayne (stop le collier de perles), la chute dans le puits (stop le ralenti), les chauve-souris qui enveloppent Bruce enfant... Je n'en peux plus ! A coup sûr on va y avoir droit dans la future trilogie que nous concoctera Ben Affleck dans les prochaines années. OK, c'est le fondement même du mythe de Batman, mais de là à manquer cruellement d'inspiration pour recopier ce qu'ont fait Nolan et Burton, c'est juste un tantinet facile.

Autre coup de gueule, et de taille, le rôle d'Alfred tenu par un acteur que j'estime énormément, Jeremy Irons. Juste déçu. Déçu parce que ce rôle ne lui va pas du tout (n'est pas né celui qui arrivera à nous faire oublier le jeu tout en finesse de Michael Caine) et déçu parce que le rôle d'Alfred n'est réduit qu'à sa plus simple expression : le mécano de Bruce Wayne !

En revanche, une des surprises, de taille, et la présence de Wonder Woman. Et pour tout avouer, elle est plutôt convaincante. Déjà, ils ont évité de lui faire porter sa tenue de comic (haut bleu, short rouge, ceinture jaune), ce qui est un exploit, et ensuite, elle apporte une gravité bienvenue à ce film.

Autre point convaincant : une nouvelle fois, Hans Zimmer a su créer deux univers musicaux différents pour les deux héros, ce qui confirme son génie !

Enfin, bref, vous l'aurez compris, je n'ai vraiment pas apprécié ce film... Je pense très sincèrement abandonner là les films de super-héros et les laisser à d'autres, et notamment de l'univers DC, dont, finalement, je n'apprécie que Batman. Les autres me laissent purement et simplement indifférents (trop de super pouvoirs tuent les super pouvoirs...) là où Batman me fascinent par sa propension à devoir compenser ses faiblesses (d'humain) par des artifices.

Définitivement, ce cinéma, peu exigeant, mais sur lequel je ne crache pas, pas plus que je ne critique les gens qui l'apprécient, n'est pas pour moi. Peut-être que je me vieux-connise, que je vieillis... Ou tout simplement que je n'aime plus ces films faciles qui jouent un peu trop sur les effets spéciaux pour planquer leur faiblesse scénaristique. Peut-être, finalement, en ai-je marre qu'on me prenne pour un jambon ?

Vous reprendrez bien un peu de charcuterie ?