Cette transposition à l'écran du roman éponyme de Percival Christopher Wren -la troisième après celles d'Herbert Brenon (Beau Geste et Beau ideal) et de John Waters (Beau sabreur), avec déjà Gary Cooper, mais dans le rôle d'Henri de Beaujolais- s'inscrit dans un genre très en vogue pendant l'Entre-deux-guerres. Ayant pour cadre la Légion étrangère, il compte, entre autres réussites, Morocco, de Josef von Sternberg (encore avec Gary Cooper...) ou La bandera, de Julien Duvivier. On pourrait aussi ajouter à cette liste, même si ces films mettent en scène une patrouille britannique, Lost patrol, de Walter Summers, et son remake américain, The lost patrol, de John Ford, qui baignent dans le même climat exotique et héroïque.

Beau Geste est à la fois une très belle ode à la fraternité, qu'illustre le proverbe arabe cité en exergue (L'amour d'un homme pour une femme croît et décroît comme la lune. Mais l'amour d'un frère pour un frère est immuable comme la parole du Prophète), une évocation pittoresque de la vie des légionnaires et un palpitant film d'aventure. Ce dernier aspect repose sur quelques scènes particulièrement intenses (telle celle où la colonne de secours décrouvre, en position de combat sur les créneaux du fort, les soldats morts) et l'affrontement entre les Geste et le sergent Markoff (remarquable Brian Donlevy), dont la cupidité et le sadisme forment un contraste puissant avec la noblesse de coeur des trois frères.

Bien sûr, quelques grincheux ne manqueront pas de reprocher à ce film son côté un peu suranné, ses sentiments d'un autre temps (sens de l'honneur, du sacrifice...). Mais c'est ce qui fait aussi son charme, surtout à notre époque cynique...

A noter pour conclure que trois des acteurs du film tourneront en 1942 sous la direction de Cecil B DeMille dans Les naufrageurs des mers du sud, dont j'ai parlé il y a peu : Ray Milland, Robert Preston et Susan Hayward. Par ailleurs, ce film bénéficie depuis le 7 septembre 2010 d'une nouvelle édition DVD (Universal Classics), malheureusement dépourvue de bonus. Si le confort de visionnage est assez satisfaisant, l'image manque cependant de contraste et est troublée par quelques scories.
ChristopheL1
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le 16 sept. 2011

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