Joss Whedon est à la tête d’un empire de fans qui guettent son moindre projet de série et de film. Quand celui-ci a tourné Avengers, il en a profité pour faire un deuxième film, beaucoup plus humble : Beaucoup de Bruit pour Rien.
Cette nouvelle adaptation de la pièce de William Shakespeare fut tournée en quelques jours, avec des acteurs habitués des projets de Whedon. S’attaquant à l’un des plus grands artistes de l’Histoire, Whedon a eu l’humilité et/ou l’idée de génie de garder le texte d’origine, tout en transposant l’histoire de nos jours. Mais où il ne fait pas l’erreur de Baz Luhrmann avec l’abominable Romeo + Juliet, c’est qu’il ne cède jamais à l’hystérie. Mieux, il a parfaitement compris la pièce et l’adapte avec un second degré désopilant, que ce soit dans ses gags visuels (il faut voir Alexis Denisof qui se cache derrière une baie vitrée pour le croire) ou dans son décalage constant entre le langage et ce qu’il se passe à l’écran. En effet, avoir fait de Benedick et Claudio des porte-flingues est une idée de pur génie, qui transparaît parfaitement bien à l’écran. Avoir transformé les chœurs de Shakespeare en séquences oniriques chantées par Maurissa Tancheroen en est une autre.
Beaucoup de Bruit pour Rien bénéficie d’une interprétation fabuleuse d’un groupe d’acteurs qui a l’habitude de travailler ensemble et ça se voit. Les géniaux Alexis Denisof et Amy Acker forment un couple autant hilarant que touchant et restent crédibles malgré le décalage extrême du film. Heureusement, ils sont entourés par un supporting cast absolument fabuleux, que ce soit les affables Clark Gregg et Reed Diamond, le sympathique Fran Kranz, la convaincante Jilian Morghese, le bouffon Nathan Fillion et les machiavéliques Spencer Treat Clark, Riki Lindhome (un rôle qui lui va très bien) et Sean Maher. Et Joss Whedon dirige tout ce petit monde avec rythme, des choix de plans intelligents et une image (en noir & blanc) fabuleusement magnifique.
Beaucoup de Bruit pour Rien fait partie de ces films qui fait tout bien et qui confine à la perfection totale sur certaines séquences. Pour une fois, Joss Whedon a totalement réussi son pari.